En Belgique, comme en France, des chercheurs testent les propriétés de l'argile pour stocker à grande profondeur des déchets radioactifs pendant des milliers d'années, alors que la Suède et la Finlande ne peuvent compter que sur le granite.

Comment peut-on causer des galeries durables dans cet argile dit de Boom? A quelle température peut-il résister? Comment se comportent différents alliages à son contact?

A 224 mètres de profondeur, dans le laboratoire souterrain Hades à Mol, dans la province d'Anvers (nord), des expériences sont conduites pour répondre à ces questions.

«La couche argileuse autour du laboratoire est la barrière la plus importante pour le stockage», d'où la nécessité de la préserver, explique Peter De Preter, directeur du GIE Euridice (Infrastructure européenne de recherche en sous-sol pour le stockage de déchets nucléaires dans l'argile).

Faute de connaître le comportement mécanique de l'argile, les premières excavations de tunnels ont été faites en congelant les aquifères et l'argile grâce à des solutions de sels très concentrées à très basses températures, a-t-il rappelé lors d'une récente visite de journalistes.

Installation de voussoirs en béton, percement d'une galerie perpendiculaire: plusieurs techniques sont utilisées pour savoir comment créer un site de stockage durable.

Différents types d'aciers et d'alliages ont été mis au contact de l'argile pour étudier les mécanismes de corrosion.

Les risques de migrations de radionucléides au sein de l'argile ont aussi été étudiés.

Une nouvelle expérience va être tentée : pendant dix ans, l'argile va être chauffé à 80-90°C dans la galerie perpendiculaire qui sera emplie de sable saturé d'eau. Il s'agit, à l'aide de capteurs, de mesurer le comportement de l'argile dans «les conditions les plus pénalisantes» de chaleur et de pression, selon M. De Preter.

Cette expérience qui coutera des dizaines de millions d'euros devrait, permettre de «pouvoir dire en 2020 si on va aller vers une phase de réalisation» du stockage dans ce type de couche géologique, conclut-il.

En France, où la création d'un site de stockage de déchets de haute et moyenne radioactivité en «couche géologique profonde» est envisagée à Bure (est), des études pour évaluer l'étanchéité d'une couche argileuse sont aussi conduites dans le tunnel de Tournemire (sud).