Exception faite du pétrole, l'eau d'égout est le plus important contaminant déversé dans les cours d'eau avoisinant les grandes villes canadiennes.

C'est ce que conclut une analyse menée par La Presse Canadienne, qui s'est appuyée sur une base de données fédérales. La Presse Canadienne a dû patienter pendant deux ans et loger une plainte au Commissaire à l'information du Canada afin de mettre la main sur ce document.

 

Ce dernier, utilisé par le gouvernement pour faire la chasse aux pollueurs, fait l'inventaire de tous les déversements survenus entre janvier 2004 et avril 2010.

L'analyse s'est penchée sur des déversements dans 18 villes et régions métropolitaines du pays, dont celles de Montréal, Toronto et Vancouver. La ville de Québec a également été ciblée dans le cadre de cette analyse.

Des milliers de déversements

Selon le document, 6555 déversements ont été observés dans ces régions au cours des six dernières années. Et alors que le pétrole est présent dans 55 pour cent des cas, les eaux d'égouts y figurent dans une proportion de huit pour cent.

De tous les déversements d'eaux usées dénombrés dans le rapport, celui de Calgary est le plus sérieux. Le 17 juin 2005, 300 millions de litres se sont écoulés de la centrale d'épuration des eaux usées.

«Ce n'était pas de l'eau d'égout brute», nuance Edith Phillips, de la direction des Affaires réglementaires de la ville albertaine.

Par ailleurs, à Ottawa, 190 millions de litres de ces eaux se sont écoulés, peut-on lire dans le rapport. Il aurait fallu plus de 2000 jours pour colmater la fuite.

«J'ai eu des problèmes avec les bases de données fédérales dans le passé», soutient Michel Chevalier, responsable des eaux usées et des travaux de drainage de la ville d'Ottawa.

«Ils entrent les données d'une drôle de façon. Les résultats ne correspondent pas toujours à la réalité, ou ils mènent à de curieuses conclusions. Dans ce cas-ci, ça laisse croire que le déversement a duré plus de 2000 jours. J'ignore où ils sont allés chercher ces 2000 jours», ajoute-t-il.

Selon M. Chevalier, des déversements encore plus critiques ne figurent même pas dans la base de données.

La base de données fait également la lumière sur les déversements d'autres produits polluants comme des matières radioactives, du carburant d'avion et de l'acide chlorhydrique.

Environnement Canada a réagi ces informations par le biais de sa porte-parole, Asleigh Wilson.

«Il y a environ 400 installations qui déversent au moins 1,5 billion de litres de ces eaux usées ou sous-traitées, affirme Mme Wilson. Les nouvelles réglementations feront en sorte que cela cessera.»

Ces nouveaux règlements établissent des normes nationales concernant la qualité des effluents des eaux usées en plus d'encadrer les règles de déclarations pour les stations d'épuration canadiennes.