Des dizaines d'espèces animales sont menacées par la marée noire qui touche depuis jeudi les côtes de Louisiane, parmi lesquelles dauphins et cachalots, mettent en garde des défenseurs de l'environnement.

La marée noire provoquée par l'explosion et le naufrage d'une plate-forme pétrolière dans le golfe du Mexique qui déverse quelque 800 000 litres de pétrole par jour dans l'océan, selon des estimations, --et peut-être beaucoup plus-- , annonce une catastrophe écologique majeure, selon ces spécialistes.

«Cette nappe de pétrole qui arrive pourrait décimer les groupes de dauphins à gros nez, dont certains ne comptent que quelques dizaine de membres», souligne Michael Jasny, expert de l'ONG Natural Resources Defense Council, interrogé par l'AFP. Le dauphin à gros nez est également appelé grand dauphin ou dauphin souffleur.

Quant aux cachalots, ils ont sans doute déjà ressenti l'impact de la nappe de pétrole, selon ce spécialiste. Les femelles cachalots utilisent en effet les eaux du golfe du Mexique situées au sud et à l'est du delta du Mississippi pour y élever leurs petits. Or cette zone est déjà «sous les assauts directs» de la nappe de pétrole.

Des poissons pourraient aussi disparaître de la région, souligne Doug Rader, spécialiste des océans à l'Environmental Defense Fund, une autre ONG.

«Près de la surface, la mer est comme une autoroute pour les larves qui suivent le courant vers les zones de frai situées plus loin», dit-il. «C'est dans cette zone de surface que le pétrole est le plus toxique et que les animaux sont le plus sensibles, et cela pourrait balayer toute une génération de vivaneaux, mérous et d'autres poissons», selon lui.

Or, la pêche de loisir au vivaneau rouge est une source de revenus importante pour la région, de même que les élevages de crevettes, ce qui fait craindre également des conséquences économiques catastrophiques.

Par ailleurs, «les zones humides du delta du Mississippi sont les plus importantes du continent et c'est là que tous les oiseaux migrateurs nidifient actuellement», insiste Dean Wilson, conservateur du bassin de l'Atchafalaya, une zone de marécages à l'ouest du delta.

L'emblème de la Louisiane, le pélican brun, vient à peine d'être retiré de la liste des espèces en danger en novembre dernier. Or il fait partie des nombreux oiseaux qui traversent le bassin à la recherche de climats plus chauds et plongent dans les marais pour se nourrir du poisson qui y vit.

Même si les pélicans ne sont pas directement atteints par la marée noire, les plantes et les poissons qu'ils ingèrent seront inévitablement pollués.

Le premier oiseau mazouté a été capturé vendredi dans la zone polluée. Il s'agit d'un fou de Bassan, soigné par un centre spécialisé payé par British Petroleum, qui exploitait la plate-forme.

«Cette région a l'une des plus grandes concentrations d'écosystèmes marins sensibles au monde, et est étroitement dépendant des sociétés et de l'économie humaine», souligne Doug Rader, pour qui «cela fait naître le spectre de l'une des plus grandes catastrophes environnementales aux Etats-Unis».