Le résultat de l'appel d'offres d'un gigantesque barrage en Amazonie était mardi en suspens après qu'Amérindiens et écologistes ont intensifié leur bataille judiciaire contre ce projet qui causerait, selon eux, de graves dommages à l'Amazonie.

Le vainqueur de l'appel d'offres devait être annoncé pour 15H00 GMT mais l'appel d'offres a été à nouveau suspendu lundi soir par la justice régionale de l'État amazonien du Para.

Bien que le gouvernement dispose d'une licence environnementale préalable pour la construction du barrage qui va inonder 500 km2 de terres et détourner sur 100 km les eaux du Rio Xingu, écologistes et Amérindiens soutenus par l'Église catholique s'y opposent fermement.

Leur cause a obtenu une notoriété internationale après que le réalisateur de la fresque écologique «Avatar», le Canadien James Cameron, s'est rendu à Belo Monte pour dénoncer le barrage, tout comme l'actrice Seagourney Weaver. Le chanteur britannique Sting est aussi un opposant de longue date, depuis 1988.

«Il y a d'autres sources d'énergie possibles comme l'énergie éolienne, biomasse ou solaire», a déclaré un porte-parole de Greenpeace à Brasilia où des militants ont déposé trois tonnes de fumier devant l'Agence nationale d'énergie électrique (ANEEL) lors d'une manifestation qui a rassemblé 500 personnes.

D'autres manifestations étaient prévues dans huit villes du Brésil.

Selon Greenpeace, «il n'y a aucune réponse officielle à une série de questions telles que le déplacement de 20 000 à 30 000 familles de la région, l'impact sur la pêche et la biodiversité».

Dans dix ans, Belo Monte devrait produire 11 000 MW, de quoi alimenter 20 millions de foyers. Il deviendra le deuxième plus grand barrage du Brésil, après Itaipu (14 000 MW) dans le sud du pays, et le troisième au monde après celui des Trois Gorges, en Chine (18 000 MW).

Son coût est évalué à plus de onze milliards de dollars.

Deux consortiums Norte Energia et Belo Monte Energia, tous deux menés par des entreprises publiques, sont en compétition pour l'appel d'offres.

Le premier est dirigé par la Compagnie hydro-électrique du Sao Francisco, une filiale de l'entreprise publique Eletrobras, avec une participation de 49,98%.

Le consortium Belo Monte est dirigé quant à lui par les entreprises publiques Furnas Centrais Eletricas et Eletrosul Centrais Eletricas, qui totalisent 49%, avec des grands consommateurs d'énergie tel que le géant minier Vale, a indiqué l'ANEEL.

La construction du barrage est défendue par une partie de la population locale qui espère bénéficier des 18 000 emplois directs et 80 000 indirects qui seront générés par le projet, selon le gouvernement.

Le gouvernement argue que le barrage est indispensable pour répondre aux besoins énergétiques du pays qui doivent être multipliés par 2,5 d'ici à 2030.

L'énergie hydroélectrique représente 73% de l'énergie produite aujourd'hui par le géant sud-américain.