Le groupe pétrolier Total a été condamné en appel mardi à 375 000 euros d'amende, la peine maximale, par la justice française pour sa responsabilité dans une grave pollution maritime survenue en 1999 après le naufrage du navire Erika qu'il avait affrété.

La marée noire provoquée par le naufrage du pétrolier, le 12 décembre 1999 au large de la Bretagne, sur le littoral ouest de la France, avait souillé 400 kilomètres de côtes et mazouté quelque 150 000 oiseaux.

Le montant des indemnités que devra verser la plus grosse société française, ainsi que trois autres accusés, a été légèrement augmenté par la Cour d'appel de Paris, passant de 192,5 à 200,6 millions d'euros. Ces sommes bénéficieront aux communes de la côte touchée par la marée noire, à l'État français et à diverses associations écologiques

Les trois autres condamnés sont la société de classification Rina, également condamnée à 375 000 euros d'amende - et qui va se pourvoir en cassation - ainsi que l'armateur du navire Giuseppe Savarese et son gestionnaire Antonio Pollara, condamnés chacun à 75 000 euros d'amende.

Durant les sept semaines du procès en appel, qui s'est achevé le 18 novembre dernier, Total et ses co-prévenus ont tous clamé leur innocence dans cette catastrophe écologique.

Le jugement du premier procès, le 16 janvier 2008, avait innové en reconnaissant la responsabilité pénale de Total, alors que le droit maritime vise plutôt le capitaine - relaxé - ou l'armateur.

La Cour d'appel a confirmé la reconnaissance du «préjudice écologique» subi, une notion qui avait été reconnue pour la première fois en France lors du premier procès.

De plus, elle a accordé des indemnités à de nouvelles parties civiles -des régions plus éloignées de la marée noire mais qui en ont subi néanmoins les conséquences -, dont les demandes avaient été rejetées en première instance.

Au total, 80 parties civiles seront indemnisées. Une somme totale de 3,2 millions leur sera allouée pour les frais de procédure.

Dès le début du procès en appel, Total avait précisé avoir d'ores et déjà versé à 38 parties civiles (dont l'État) 170 millions d'euros sur les 192 qui lui avaient été réclamés en première instance.

Pour sa défense, le groupe pétrolier avait maintenu que la corrosion de l'Erika constituait un «vice caché» que ses propres contrôles ne pouvaient révéler. Il avait rejeté la responsabilité sur la société Rina, qui a délivré les certificats de navigabilité.

De leur côté, l'armateur et le gestionnaire ont nié avoir, pour des raisons financières, négligé l'entretien de l'Erika, navire vieux de 25 ans qui a eu au total huit propriétaires, quatre gestionnaires et avait navigué sous trois pavillons différents.