Les quelque 2 000 lions du Kenya sont menacés par des sécheresses répétées et un insecticide qui aurait causé la mort d'au moins 76 individus depuis 2001, selon des responsables de la faune sauvage.

Ces nouveaux dangers ont contribué à faire chuter la population de lions de 700 ces six dernières années, s'inquiète Charles Musyoki, un responsable scientifique du Département de la faune du Kenya. Ces chiffres s'appuient sur un décompte effectué tous les deux ans.

Dans la réserve nationale de Masaï Mara, qui s'étend sur 1 510km2, un journaliste d'Associated Press a ainsi pu voir le cadavre d'un jeune lion de huit mois et de 36 vautours qui avaient mangé une carcasse de vache contaminée. Les scientifiques continuent d'analyser des prélèvements pour déterminer ce qui aurait tué les animaux.

Selon eux, au moins 76 lions ont succombé depuis 2001 après avoir mangé des proies contaminées par un insecticide, le Furadan, commercialisé par la société américaine FMC. Ce produit est utilisé au Kenya contre les insectes qui attaquent les cultures de maïs, de riz et de sorgho.

Le ministre de la Forêt et de la Faune Noah Wekesa a annoncé fin juin 2009 devant le Parlement qu'il avait cessé d'importer du Furadan au Kenya. Les ventes avaient été suspendues après un rapport en mai 2008 qui démontrait que cet insecticide pourrait avoir empoisonné les lions. Le ministère avait également mis en place un programme pour récupérer les lots encore sur le marché.

Mais Charles Musyoki rappelle que les nomades éleveurs tuent également les lions pour protéger leurs troupeaux, qui partagent les réserves semi-arides avec le félin.

Selon lui, il faudrait enseigner à ces éleveurs l'importance du lion dans l'économie du pays, avec les touristes qui affluent an Kenya pour observer le «cinq majeur»: le lion, l'éléphant, le léopard, le buffle et le rhinocéros.

«Je n'envisage pas de voir un jour la fin du conflit lion/homme, mais on peut le limiter», souligne M. Musyoki. «Le seul compte en banque d'un berger, c'est l'animal. Si un lion tue deux vaches sur quatre (...), cela revient à la disparition de la moitié de ce compte».

Les éleveurs se plaignent que le gouvernement place la vie des animaux avant leur gagne-pain. Edward Keringot, 32 ans, a ainsi rapporté avoir perdu ces derniers mois cinq bêtes sur la centaine qu'il possède à cause des félins. «Les lions qui vivent ici tuent nos vaches, les léopards nos moutons et nos chèvres. Le gouvernement devrait nous offrir une compensation pour la perte de nos bêtes», a-t-il plaidé.