L'enquête indépendante diligentée en décembre par l'université britannique d'East Anglia sur l'affaire des courriels piratés d'experts soupçonnés de manipuler des données sur le réchauffement climatique a été officiellement lancée jeudi.

En novembre, des milliers de courriels de chercheurs collaborant avec le prestigieux Centre de recherches sur le climat (CRU) de l'université, victime d'un piratage informatique ou de fuites, avaient été publiés sur Internet.

Parmi ces documents, figuraient certains messages du directeur du CRU Phil Jones, qui avaient été interprétés, par les opposants à cette théorie, comme la preuve que la communauté scientifique manipule les données sur le climat pour étayer la thèse d'un réchauffement dû aux activités de l'homme.

Le vice-chancelier de l'université de Glasgow, Sir Muir Russell, à qui l'université avait confié les clés de l'enquête sur cette affaire qualifiée de «climategate» par <i>La Presse</i>, a ouvert jeudi ses travaux.

Il a précisé qu'il espérait rendre ses «conclusions préliminaires d'ici le printemps 2010».

Sir Muir cherchera à déterminer comment les courriels se sont retrouvés sur Internet et s'il y a eu une tentative «de manipulation ou de suppression de données».

«Notre travail est d'enquêter sur la rigueur scientifique, l'honnêteté, (et) l'esprit d'ouverture» du CRU, a-t-il déclaré, annonçant la création d'un site Internet qui permettra au public de suivre les progrès de l'enquête.

L'un des courriels de Phil Jones évoquait une «ruse» pour manipuler les relevés de température afin de «dissimuler une baisse».

Le directeur du CRU, un centre qui gère l'une des plus importantes bases de données au monde sur l'évolution des températures dans le monde, avait rétorqué que ces mots avaient été analysés hors contexte.

M. Jones a temporairement renoncé à son poste, le temps de l'enquête. Dans une interview récente au Sunday Times, il avait affirmé avoir «plusieurs fois» envisagé se suicider à la suite de cet épisode.

Les «climato-sceptiques» de plusieurs pays s'étaient emparés de l'affaire pour mettre en doute la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre, quelques jours avant le début du sommet de Copenhague sur le climat.