Dans une opération sans précédent au Kenya depuis 2005, le Service de la faune (KWS) a entamé mercredi le spectaculaire transfert de milliers de zèbres vers le parc d'Amboseli, frappé par la sécheresse, où ils serviront de gibier aux hyènes et aux lions.

Dès l'aube, les hélicoptères des rangers du KWS ont survolé la réserve privée de Soysambu, dans la vallée du Rift, et rabattaient des troupeaux de zèbres galopant dans la plaine vers un enclos fait de bâches et en forme d'entonnoir, a constaté un journaliste l'AFP.

Par vingtaines, les zèbres sont ensuite embarqués dans des camions qui prennent la route du parc national d'Amboseli, à environ 300 kilomètres plus au sud, vers la frontière tanzanienne.

Le KWS prévoit de transférer ainsi près de 7 000 de ces mammifères, au cours d'une opération qui durera jusqu'au 28 février et d'un coût de 1,3 million de dollars.

Elle vise à repeupler Amboseli en gibier et éviter que les lions et les hyènes n'attaquent les troupeaux de bétail aux alentours de ce parc national, l'une des principales attractions touristiques du pays.

Conséquence de la sécheresse qui touche depuis plusieurs années l'Afrique de l'Est, et le Kenya en particulier, des milliers de zèbres et de gnous sont morts l'an dernier à Amboseli.

«Ces décès en masse ont créé un déséquilibre entre le nombre de carnivores et d'herbivores dans le parc, et une pénurie de la nourriture habituelle des lions et des hyènes», a expliqué le porte-parole du KWS, Paul Udoto.

«Ce repeuplement doit permettre de rétablir l'équilibre entre les différentes populations animales à Amboseli, et réduire les attaques de lions et de hyènes sur le bétail» des populations de environs, selon M. Udoto.

La dernière opération du genre avait eu lieu en 2O05, avec là aussi en maître d'oeuvre le KWS.

Près de 400 éléphants avaient commencé à être transportés d'une réserve le long de côte de l'océan Indien vers le centre du pays, au cours du «plus grand transfert d'animaux organisée depuis l'Arche de Noé», selon le slogan de l'époque.

L'opération avait été finalement interrompue, la sécheresse menaçant déjà la survie des pachydermes dans leur nouvel habitat.

Cette fois-ci, un millier de zèbres seront prélevés dans la réserve privée de Soysambu, propriété de la riche famille Delamere, Kényans blancs descendants de colons britanniques.

Mercredi à la mi-journée, 88 zèbres avaient été capturés et étaient déjà en cours de transfert.

Six mille autres mammifères rayés de noir et de blanc, qui abondent dans le pays, seront retirés d'autres réserves, selon le KWS, qui n'en a pas précisé les noms.

Au pied du Kilimanjaro au sommet enneigé, Amboseli est «un refuge pour les herbivores à la saison sèche», où les animaux migrent chaque année à la recherche d'eau, explique Charles Musyoki, scientifique au KWS.

Avec le manque de pluie prolongé en 2009, près de 60% de la population de zèbres et de gnous du parc sont morts, entraînant de nombreuses conséquences sur l'écosystème, et sur leurs prédateurs directs en particulier.

En août, le KWS avait lancé une grande campagne de sensibilisation, s'alarmant de la disparition chaque année d'une centaine de lions, tués par les bergers en représailles des attaques contre le bétail.

L'urbanisation, la destruction de leur habitat, les maladies et la pression humaine contribue au déclin inexorable de ces grands félins, estimés à 2 000 actuellement au Kenya, contre 2 749 en 2002.