Les hauts responsables politiques des pays riverains de la Baltique se sont engagés mercredi à Helsinki à travailler à la réalisation d'un «miracle»: sauver l'une des mers les plus polluées de la planète.

«Nous n'attendons pas de miracle mais un travail sérieux de notre part à tous peut peut-être faire un miracle», a déclaré la présidente finlandaise Tarja Halonen en ouvrant la séance plénière du sommet d'action pour la Baltique. «Il est clair qu'il est temps d'agir, et vite».

Les neufs pays riverains déjà réunis au sein du groupe Helcom (Russie, Finlande, Suède, Danemark, Estonie, Lettonie, Lituanie, Pologne, Allemagne) ainsi que la Norvège et le Bélarus dont les cours d'eau se jettent dans cette mer saumâtre, peu profonde et quasiment fermée, ont réitéré leurs engagements passés.

Il s'agit de préserver la biosphère, réduire les émissions de déchets et de gaz, recycler les eaux usées qui étouffent la Baltique car, selon Greenpeace, cette mer met 30 ans à se régénérer, ainsi que sécuriser le trafic maritime, en réduire les émissions sonores et la pollution.

«Il y a 40 000 tonnes d'armes chimiques dans la Baltique (...) et nous nous attendons à trouver également des armes conventionnelles», a affirmé la présidente lituanienne Dalia Grybauskaite. «135 mines ont déjà été neutralisées».

Elle a appelé la communauté internationale via l'ONU, l'UE, l'OTAN et l'OSCE à fournir une assistance pour nettoyer la Baltique de ses armes, et annoncé que son pays soumettrait une résolution en ce sens à l'ONU avant la fin de l'année.

Mais, selon des observateurs, la principale menace pour la Baltique est l'eutrophisation, cet étouffement par les algues.

«Chaque été, nous voyons la floraison d'algues qui nous rappellent à quel point l'équilibre de l'écosystème de la mer est perturbé», a relevé le roi de Suède Carl XVI Gustaf.

Ces algues se multiplient en raison du phosphore et de l'azote issus des excréments déversés dans la mer et provenant surtou des exploitations agricoles.

Sur ce point, le vice-premier ministre polonais Waldemar Pawlak a annoncé un investissement de 8 milliards d'euros de son pays dans un programme visant notamment à «réduire de 75% les excrétions (déversées dans la mer) d'ici à 2015» grâce, entre autres, à la construction de 30.000 km de canalisation.

Autre sujet de préoccupation, le trafic maritime puisque «15% du trafic cargo mondial se fait dans la Baltique», a noté le premier ministre norvégien Jens Stoltenberg.

La ministre allemande de l'Agriculture Ilse Aigner a affirmé que son pays travaillait à «la réduction du bruit et des émissions de pétrole» liées au trafic maritime.

Alors que la Baltique concerne un bassin de population de 90 millions de personnes, dont 15 millions vivent à moins de 15 km de la mer, selon le premier ministre estonien Andrus Ansip, le secteur privé est étroitement lié au processus de sauvetage dans la mesure où il estime que les innovations technologiques visant à assainir la mer peuvent devenir des atouts économiques.

Les écologistes considèrent que les gouvernements tardent à concrétiser les 137 propositions déjà présentées, y compris par des particuliers, pour sauver la Baltique. Mais le directeur général de l'Institut finlandais de météorologie, Petteri Taalas, a tenu à souligner que certaines initiatives avaient déjà été prises et portaient déjà leurs fruits. «La construction d'une usine de retraitement des eaux usées à Saint-Pétersbourg est un élément positif».