Le discours environnemental a beau avoir un petit quelque chose de religieux, il n'a que peu d'écho dans les communautés religieuses, ironiquement. Le premier colloque des «églises vertes», qui a lieu aujourd'hui à Montréal, entend remédier à la situation.

Ce colloque d'une journée tire son origine du projet «Église verte», qui a permis de convertir depuis 2006 près d'une vingtaine de communautés chrétiennes de la région de Montréal à l'efficacité énergétique, au recyclage, au compostage, etc.

«L'Église est très en retard en cette matière, reconnaît le coordonnateur du projet, Norman Lévesque. Mais il y a néanmoins des choses qui se disent aux plus hautes instances et des choses qui se font en paroisse. Le colloque va réunir les deux.»

Incarnant à lui seul le lien entre écologie et spiritualité, le prêtre André Beauchamp, qui a présidé dans le passé le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement, lancera les travaux ce matin à l'église Saint-Charles, dans l'arrondissement du Sud-Ouest.

S'appuyant sur son livre Environnement et église, M. Beauchamp traitera de l'écart «accablant» qui sépare actuellement l'Église et l'écologie. Alors qu'il en va de l'avenir même de la planète, se désole-t-il, la question de l'environnement paraît «relativement périphérique, accessoire» pour celle-ci.

Il profitera du colloque pour poser des questions que plusieurs n'osent formuler : comment comprendre l'attitude attentiste de l'Église dans le contexte actuel ? Qu'est-ce qui l'empêche de s'engager à fond dans ce débat? Cette attitude ne contribue-t-elle pas à creuser encore davantage le fossé qui la sépare des jeunes générations?

En plus de la ministre québécoise de l'Environnement, Line Beauchamp, et de l'évêque de Saint-Jean-Longueuil, Jacques Berthelet, une centaine de participants sont attendus, parmi lesquels des représentants communautaires, des laïcs, mais surtout des agents de pastorale, des prêtres et des pasteurs provenant des Églises catholique, protestante et orthodoxe.

Malgré le retard de l'Église, Norman Lévesque, habitué à faire la tournée des églises, constate que les chrétiens sont de plus en plus nombreux à militer pour l'environnement. «L'Église n'a pas réagi assez rapidement face à la crise écologique, mais l'amour du Créateur la motivera à changer ses habitudes», croit-il.

D'ailleurs, il souligne que le pape Benoît XVI a intitulé son message du 1er janvier dernier Si tu veux construire la paix, protège la création, façon de rappeler aux chrétiens qu'ils peuvent bien chanter les louanges de l'oeuvre de Dieu, mais qu'ils doivent aussi la préserver.

«L'Église a une responsabilité vis-à-vis de la création, a affirmé le pape, et elle pense qu'elle doit l'exercer également dans le domaine public, pour défendre la Terre, l'eau et l'air, dons du Dieu créateur à tous, et, avant tout, pour protéger l'homme du danger de sa propre destruction.»

C'est dans cette optique que plusieurs communautés ont décidé d'agir, explique M. Lévesque. La paroisse anglicane de St. Andrew and St. Mark, par exemple, a installé un système géothermique dans le sous-sol de l'église ; le Centre Emmaüs n'offre que du café certifié équitable en plus de recourir à Communauto pour les déplacements de ses employés ; l'église unie Cedar Park tient annuellement une foire Eco-Artisan pour mettre en valeur les produits équitables d'ici.

La réponse des communautés religieuses à l'appel d'Église verte est suffisamment importante pour que cette dernière explore la possibilité d'offrir une certification «verte» à compter de 2011.