Un nouveau bac, destiné aux matières compostables, devrait arriver d'ici à 2014 dans les foyers du Grand Montréal. Québec et Ottawa en ont donné les moyens aux villes de la région métropolitaine, hier, en confirmant leur participation financière à des projets totalisant 559 millions de dollars pour traiter les déchets organiques.

Comme l'a annoncé La Presse hier, les nouvelles installations desserviront Montréal, Laval, Longueuil et la Montérégie. On bâtira une usine de traitement des déchets à Laval, cinq à Montréal, une à Longueuil et deux autres en Montérégie.

 

L'objectif est que chacune de ces agglomérations collecte et composte ses déchets organiques - résidus de table, gazon, feuilles mortes, boues provenant des usines d'épuration des eaux - au lieu de les enfouir.

Québec et Ottawa participent

Québec et Ottawa verseront respectivement 165 et 150 millions de dollars pour subventionner les projets. Les villes et les agglomérations allongeront les 245 millions restants. On estime que cela créera 4400 emplois directs et indirects.

Pour le moment, la Ville de Laval est la seule à savoir où elle installera son usine de traitement des déchets. L'administration Vaillancourt avait annoncé dès le mois d'octobre son intention de l'ériger près d'une station d'épuration des eaux dans le quartier Saint-François. L'établissement entrera en fonction en 2013.

Les autres villes visent une mise en service d'ici à 2014-2015.

«Elles ont déposé les grands paramètres de leurs projets, a expliqué la ministre de l'Environnement, Line Beauchamp. En leur donnant notre accord de principe et en leur réservant une telle somme, c'est un très fort encouragement pour qu'elles continuent à faire les investissements requis pour faire avancer les projets.»

Cinq emplacements à choisir à Montréal

À Montréal, les investissements totaliseront 215 millions pour construire deux usines de compostage, un centre de prétraitement des déchets et deux usines dites de «biométhanisation». Ce processus consiste à traiter les rebuts pour en extraire du biogaz qui peut être utilisé comme carburant ainsi qu'un résidu appelé «digestat» qui peut être composté. On peut ainsi donner une valeur ajoutée aux ordures plutôt que de seulement les enfouir.

L'administration Tremblay prévoit répartir les cinq établissements dans différents secteurs de l'île, mais doit pour cela s'entendre avec les arrondissements et les villes défusionnées. Le maire se donne cinq mois pour y parvenir. Pour ce faire, il compte sur la collaboration de l'ensemble des élus de l'île de Montréal.

«Ils pourront choisir un processus de consultation s'ils le souhaitent, mais, en juin 2010, la décision doit être prise, a-t-il affirmé. On va de l'avant le plus rapidement possible.»

La mise en service des nouveaux établissements permettra d'étendre à l'ensemble de l'île la collecte des matières compostables. Le bac brun est actuellement testé dans le Plateau-Mont-Royal, à Côte-Saint-Luc, à Westmount et à Pointe-Claire.

»Bonne nouvelle»

Les écologistes ont salué l'annonce d'hier, eux qui réclamaient depuis longtemps des mesures pour stopper l'enfouissement des matières organiques. Ils font valoir que le taux de récupération des déchets de table, du gazon et des feuilles mortes n'est que de 6% à l'échelle de la province.

Karel Ménard, qui dirige le Front commun québécois pour la gestion écologique des déchets, se réjouit du fait que les ordures produites dans la métropole seront bientôt traitées à Montréal même au lieu d'être expédiées dans des dépotoirs situés à l'extérieur.

«Le problème à Montréal, avec les matières organiques, c'est qu'on ne les voyait pas parce qu'on les exportait en région, a-t-il résumé. On démontre qu'à Montréal, on a l'intention de se prendre en main.»