Les principaux pollueurs, dont la Chine et les États-Unis, ont respecté l'agenda de Copenhague en consignant par écrit leurs engagements à la date du 31 janvier, reste maintenant à concrétiser l'aide financière promise aux pays les plus vulnérables.

Les pays industrialisés - États-Unis, Union européenne, Canada, Japon, Australie, etc. - ainsi que les grands pays émergents ont adressé à l'ONU leurs objectifs de réduction d'émissions de gaz à effet de serre pour 2020 afin de lutter contre le changement climatique.

Le secrétariat de la Convention sur le climat des Nations unies publiera prochainement la liste complète des engagements reçus.

«La machine est puissamment lancée, ça va nous donner un nouveau souffle», a estimé lundi à Pékin le ministre français du développement durable, Jean-Louis Borloo, se félicitant que les pays les plus vulnérables, des Maldives au Bengladesh, du Pérou aux Philippines, aient également signifié leur soutien à l'Accord de Copenhague.

Mais si cet accord, conclu le 19 décembre entre une trentaine de pays, entendait limiter le réchauffement à deux degrés celsius, la somme des engagements est loin de cet objectif, remarquent les observateurs.

«On y voit plus clair, mais en l'occurrence on va plutôt vers un réchauffement de + 3,5 à +4°C» note Romain Benicchio, responsable politique de l'organisation Oxfam, à Genève.

«La mauvaise nouvelle c'est que les chiffres sur la table rendront très difficile, politiquement et économiquement, d'atteindre l'objectif (des deux degrés) même après 2020», constate également Alden Meyer, directeur de l'ONG américaine Union for concerned scientists.

«La bonne volonté est là, même s'il y aura encore des difficultés et des soubresauts», insiste M. Borloo, mais «tous les mécanismes restent à inventer», reconnaît-il.

En particulier ceux concernant le financement rapide et à court terme (Fast start) en vue d'aider les pays les plus vulnérables à s'adapter au réchauffement.

À Copenhague, 30 milliards de dollars, en aides publiques et privées, leur ont été promis sur trois ans dès 2010. Mais beaucoup redoutent un «recyclage» de l'aide au développement sous couvert de financer la lutte contre le réchauffement.

C'est le cas de Monique Barbut, présidente du Fonds mondial pour l'environnement (FEM), seul mécanisme financier reconnu par la Convention climat des Nations unies.

«Il faudra regarder en fin d'année si l'aide au développement a augmenté, sinon les pays n'auront pu tenir leurs engagements (sur le) climat qu'à son détriment», relève-t-elle.

Elle considère qu'une partie au moins du «fast start» devra transiter par le FEM pour en assurer le suivi. À cet égard, la réunion prévue début mars à Rome pour la reconstitution du Fonds servira de témoin des bonnes volontés.

Selon elle, les États-Unis qui lui ont déjà annoncé le doublement de leur contribution (de 80 à 170 millions de dollars sur quatre ans) «tiendront leurs engagements».

«Mais les financements se mettront vraiment en place quand les pays en développement seront prêts, car eux aussi doivent soumettre leurs plans d'action» de lutte contre le changement climatique, rappelle-t-elle.

«Une aide bilatérale pure (entre donateurs et bénéficiaires) est impensable», considère également M. Borloo. «Il faut inventer un partenariat et fixer les modalités du fast-start».

Cette question pourrait être débattue dès jeudi, à l'occasion d'une réunion informelle des «amis de Copenhague» à New Dehli, convoquée à l'initiative de l'Inde. La seule en vue pour le moment.