Dans le brouillard depuis la déception du sommet de Copenhague, les négociations sur le climat pourraient gagner - un peu - en lisibilité le 31 janvier, date à laquelle les pays sont appelés à dire s'ils sont prêts à s'engager, et sur quoi.

En application de «l'accord de Copenhague», conclu in extremis à l'issue d'une nuit dramatique, les pays industrialisés doivent communiquer à l'ONU, d'ici dimanche, leur objectif de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre à l'horizon 2020. Les autres sont invités à présenter leur plan d'action. Cette échéance doit aussi permettre de compter les partisans de ce document conclu par les chefs d'État des principaux pollueurs de la planète.

Le 19 décembre, au bord de l'épuisement, les délégués de 193 pays avaient «pris note» - sans l'accepter ni le rejeter - de ce maigre texte de deux pages et demie, qui fixe comme objectif une limitation à deux degrés de la hausse moyenne de la température de la planète.

Six semaines plus tard, ils semblent encore groggy.

Et la route qui mène au prochain rendez-vous climat, au Mexique fin 2010, est loin d'être tracée.

Concrètement, quel peut être l'impact du 31 janvier ?

«Il n'y aura pas de grandes surprises, l'essentiel a déjà été annoncé», souligne l'économiste britannique Nicholas Stern, auteur d'un rapport-référence sur le coût de l'envolée du thermomètre mondial. «Mais cette échéance est importante pour souligner que c'est un accord sérieux».

Le Japon a confirmé son objectif annoncé avant Copenhague: réduire de 25% ses émissions d'ici 2020 par rapport à 1990. L'UE s'engage sur une réduction de 20% qui pourrait passer à 30% en «cas d'offres comparables» des autres pays riches «et de contributions adéquates» des émergents.

Réunis dimanche à New Delhi, le Brésil, l'Afrique du Sud, l'Inde et la Chine (groupe Basic) se sont engagés à communiquer leurs «actions volontaires».

Au-delà de ces chiffres, le décompte des signataires sera un premier test de crédibilité pour ce document au statut incertain.

Pour le ministre français de l'Écologie Jean-Louis Borloo, parler d'un «accord à 28» est réducteur: «chaque grand bloc» était représenté lors cette ultime séance de négociation entre chefs d'État, rappelle-t-il, ce qui signifie qu'il s'agit en réalité d'un processus à «115 ou 120 pays».

Une poignée de pays, parmi lesquels la Bolivie, l'Equateur, le Venezuela ou encore Cuba, ont explicitement exprimé leur désaccord.

Restent les interrogations sur la façon dont doivent être menées les discussions dans les mois à venir. «Il n'y a plus de pilote», reconnaît Borloo.

Nombre de voix réclament des cercles de négociation à géométrie variable, pour échapper aux lourdeurs des négociations onusiennes.

Le président français Nicolas Sarkozy vient de proposer des réunions mensuelles du «groupe des 28» qui «a démontré son efficacité».

Mais aucun calendrier n'a été fixé. «Comment va se poursuivre le processus ? Le dire aujourd'hui, c'est vraiment lire dans une boule de cristal», résume un négociateur européen.

Rajendra Pachauri, le chef du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC), le reconnaît sans détours, dans un entretien à l'AFP: les négociations climat sont dans une mauvaise passe.

«À ce stade, les choses ne se présentent pas bien du tout. Soyons honnêtes: c'est très sombre».

La mise au jour récente d'une erreur de cet organisme respecté, sur une prévision sur la fonte des glaciers de l'Himalaya d'ici 2035, tombe, à cet égard, à un très mauvais moment.