Quatre rarissimes rhinocéros blancs du nord, transférés le mois dernier au Kenya depuis un zoo tchèque, ont été décornés et équipés de radio-transmetteurs pour dissuader notamment toute tentative de braconnage à leur encontre, ont indiqué mardi leurs gardiens.

«Avec la recrudescence du braconnage au Kenya, nous ne voulons pas courir le moindre risque. Privés de leur cornes, ces rhinocéros perdent toute leur valeur pour les braconniers», a expliqué à l'AFP Elodie Sampéré, une des responsables du projet de réacclimatation de ces rhinocéros à la vie sauvage africaine.

Les quatre rhinocéros, sur huit seulement encore en vie dans le monde, sont arrivés le mois dernier dans la réserve kényane de Ol Pejeta, avec pour mission de se reproduire afin de sauver leur espèce, ce qu'ils n'avaient guère de chance de faire dans un zoo.

La corne du rhinocéros est très recherchée sur le marché noir en raison des vertus notamment aphrodisiaques que lui attribue la pharmacopée asiatique, même si cette corne est faite pour l'essentiel de kératine, une substance assez banale contenue dans les ongles, les cheveux et les sabots.

Les rangers kényans ont encore arrêté ce mois-ci douze braconniers soupçonnés d'avoir tué fin décembre un rhinocéros blanc dans une autre réserve du centre du pays, et de lui avoir sectionné sa corne d'un poids de 7,2 kilos.

Privés de leur corne depuis le 31 décembre, les rhinocéros blancs risquent également moins de se blesser lorsqu'ils partageront un même enclos, l'étape suivante de leur acclimatation progressive à la liberté, a ajouté Mme Sampéré. Les cornes devraient repousser en quatre ou cinq ans.

À la base de chaque corne rasée a enfin été vissé et scellé un micro-émetteur de la taille d'une boîte d'allumettes, d'une durée de vie de trois ans, «pour contrôler étroitement les mouvements des bêtes une fois relâchées» et également «pour assurer leur sécurité», selon cette même source.

Les quatre rhinocéros, deux mâles et deux femelles, apprécient apparemment leurs nouvelles conditions de vie au Kenya: «ils semblent beaucoup plus vifs et conscients de leur environnement», et «l'état de leur épiderme s'est énormément amélioré», selon la lettre hebdomadaire de l'opération, baptisée «dernière chance de survie».