L'organisation écologiste Sea Shepherd accuse l'équipage d'un baleinier nippon, le Shonan Maru, d'avoir délibérément coulé un de ses bateaux dans l'Antarctique. Les deux navires sont entrés en collision hier matin.

Sous la force de l'impact, la proue du trimaran Ady Gil a volé en éclats. Le navire, évalué à 2 millions de dollars, a été détruit. Les six membres de l'équipage ont été secourus par le navire Bob Barker, aussi propriété du groupe Sea Shepherd.

«Les baleiniers japonais portent ce conflit à un très haut degré de violence, a déclaré le fondateur de l'organisation, Paul Watson, dans un communiqué. S'ils pensent que nos deux autres bateaux vont battre en retraite, ils se trompent. Nous sommes en pleine guerre baleinière et nous n'avons pas l'intention de partir.»

Les deux bateaux n'en étaient pas à leurs premiers affrontements. L'Ady Gil a été dépêché en Antarctique expressément pour ralentir les activités des baleiniers.

L'Institut de recherche sur les cétacés, l'association chargée de promouvoir la commercialisation de la viande de baleine, a affirmé que l'Ady Gil avait attaqué l'un de ses baleiniers peu avant la collision. L'organisation a précisé que le bateau de Sea Shepherd a envoyé des cordes vers le vaisseau mère de la flotte nippone, le Nisshin Maru. Les militants sont aussi accusés d'avoir lancé des projectiles. Les baleiniers ont répliqué en utilisant de puissantes lances à incendie afin d'éloigner le trimaran.

«Les activités obstructives du Sea Shepherd menacent la vie et la propriété de ceux qui sont impliqués dans nos recherches, sont très dangereuses et ne peuvent être excusées», a souligné pour sa part l'Institut.

La Commission baleinière internationale a interdit la pêche commerciale de la baleine en 1986 pour protéger ces mammifères en voie de disparition, mais elle a autorisé des campagnes de chasse limitées conduites à des fins de recherche. Les défenseurs des baleines accusent le Japon d'utiliser son programme scientifique comme prétexte pour continuer à pêcher le cétacé et à en faire le commerce.

De l'huile sur le feu?

Le chercheur et auteur québécois Bruno Massé s'intéresse de près aux actions des écologistes. Titulaire d'une maîtrise en géographie sociale, il a publié récemment le livre Écologie radicale au Québec.

Que le naufrage ait été ou non provoqué par les baleiniers, il croit que les écologistes pourraient, dans une certaine mesure, profiter de la situation.

«Généralement, plus il y a de répression, plus il y a de résistance, explique-t-il. Il y a un effet dynamique entre les deux. Ça va probablement déstabiliser pendant un moment l'organisation écologiste mais, à grande échelle, cela permettra aux militants de créer un discours plus tangible pour appuyer leur cause.»

Le groupe Sea Shepherd Conservation Society a été fondé à la fin des années 70 par le capitaine d'origine canadienne Paul Watson. L'organisation est reconnue pour ses coups d'éclat dans le but de protéger les animaux marins. Elle concentre aussi une partie de ses activités à la protection des phoques dans l'est du Canada.