Dès 2011, Québec obligera les fabricants d'ordinateurs, de piles, de téléviseurs et d'ampoules à reprendre tous les produits qu'ils vendent une fois leur vie utile terminée, afin qu'ils soient recyclés.

Comme l'a annoncé La Presse il y a quelques mois, le gouvernement a choisi d'aller de l'avant avec la «responsabilité élargie des producteurs», obligeant ainsi les fabricants d'ordinateurs et autres produits connexes à mettre en place à leurs frais un programme de récupération.

 

Un an après l'entrée en vigueur d'un règlement qui sera déposé sous peu, les Québécois devront ainsi rapporter leurs ordinateurs, écrans, imprimantes, téléviseurs, lampes fluocompactes et téléphones cellulaires afin qu'ils soient démantelés ou réemployés en bonne et due forme. S'ajouteront à partir de la deuxième année les consoles de jeux vidéo, les photocopieurs, les caméras et les baladeurs numériques.

L'objectif est d'atteindre une cible de récupération (80% des lampes au mercure, 65% des piles, 40% des ordinateurs et 25% des cellulaires et baladeurs numériques), mais aussi de forcer les entreprises à concevoir des produits plus verts, moins dommageables pour l'environnement.

«On le voit bien, certains produits contiennent actuellement des métaux collés qui ne peuvent être extraits, a déploré la ministre de l'Environnement, Line Beauchamp. Or, avec le règlement, le producteur verra un intérêt à miser sur l'écoconception ou à distribuer uniquement des produits qui sont faciles à récupérer.»

Cela est d'autant plus important qu'une bonne partie des ordinateurs, cellulaires et autres produits électroniques finissent leur vie dans un dépotoir, même s'ils sont bourrés de produits toxiques tels que le plomb, le cadmium, le mercure et le béryllium. Un seul écran cathodique, par exemple, peut contenir jusqu'à 3,6 kg de plomb.

Pour mettre en place leur programme de récupération, les producteurs pourront agir seuls (Apple qui récupère les ordinateurs Apple au magasin Apple), se regrouper (Dell et Sony créent conjointement des points de collecte) ou donner ce service à contrat (les consommateurs sont invités à déposer leurs articles dans tel magasin, où un sous-traitant les récupère).

Déjà, au Québec, certaines industries sont soumises à la responsabilité élargie: contenants et résidus de peinture, huiles usagées, contenants d'huile et filtres à huile usagés. Mme Beauchamp a d'ailleurs cité le cas de la peinture, récupérée à 90%, pour illustrer la pertinence de son geste.

Il n'a pas été question hier d'inscrire des «frais environnementaux» sur les factures des clients achetant des produits électroniques, comme l'exigeait Recyclage des produits électroniques Canada (RPEC), l'organisme qui représente les fabricants.

Une hausse du prix de ces mêmes produits est toutefois à prévoir, si l'on se fie à des études menées à l'étranger ces dernières années. On a évalué que la prise en charge des ordinateurs par leurs producteurs pouvait se traduire par une hausse moyenne de 1 à 3% du prix au détail (environ 45$ pour un produit de 1500$).