L'encre de la politique québécoise de gestion des matières résiduelles n'est pas encore sèche et pourtant, six projets d'usine de compostage et de biométhanisation sont déjà sur les rails dans la grande région de Montréal, dont deux dans la métropole.

Selon les informations obtenues par La Presse, les municipalités de la Communauté métropolitaine de Montréal n'ont pas attendu le gouvernement pour préparer dans le détail leurs plans d'affaires: choix de la technologie, coût de chaque usine et calendrier de construction.

 

On espère ainsi profiter le plus rapidement possible du tout nouveau programme d'infrastructures annoncé hier par la ministre de l'Environnement, Line Beauchamp. Cette dernière a confié que les formulaires étaient déjà prêts pour la distribution des 650 millions de dollars, dont 368 millions en subsides gouvernementaux.

Cet argent servira donc à bâtir, d'ici 2013, deux usines à Montréal, une à Longueuil, une à Laval, une dans la couronne sud et une dernière dans la couronne nord. Il a été impossible d'en savoir plus sur la situation précise de ces bâtiments, sinon pour celui de Laval, qui jouxtera l'usine de traitement des eaux.

La demi-douzaine d'usines serviront principalement à biométhaniser les déchets organiques. À ne pas confondre avec la gazéification, un dérivé de l'incinération, la biométhanisation est un procédé de traitement des matières organiques par fermentation en absence d'oxygène.

Les déchets subissent ainsi une dégradation biologique, ce qui permet d'extraire deux choses: un biogaz, qui peut être utilisé comme substitut à l'essence automobile, et le digestat, qui peut être composté.

Condition

Le gouvernement Charest, qui vise le traitement de 60% de la matière organique putrescible résiduelle d'ici 2015, s'engage à assumer une bonne partie des coûts des usines (de 50 à 75%). Seule condition: que le biogaz généré remplace du carburant ou du combustible fossile utilisé au Québec.

Selon nos informations, les municipalités de la région métropolitaine privilégieraient un montage financier similaire à celui utilisé pour l'assainissement des eaux, comme à Toronto. Les villes s'occuperaient ainsi de la conception, de la rédaction des appels d'offres et de la construction des usines. Elles embaucheraient ensuite un sous-traitant pour gérer l'usine, tout en demeurant propriétaire.

Rappelons qu'en juin dernier, sous le feu nourri des écologistes, l'administration Tremblay a revu son objectif d'implantation de la collecte des résidus de table, le devançant de 2018 à 2012.