Des écologistes et des députés du Parti québécois ont dénoncé hier l'entreprise Écolosol, qui, selon eux, enfouit depuis des années de la terre contaminée en contravention avec les règlements municipaux de Mascouche.

L'entreprise exploite depuis 2005 un lieu d'enfouissement de terres faiblement contaminées à Mascouche. Elle souhaite maintenant recevoir tous les types de terre, y compris les plus contaminées. Mais elle doit d'abord se soumettre à une consultation du Bureau des audiences publiques sur l'environnement (BAPE).

 

En lever de rideau de ces audiences, hier soir, Écolosol a été critiquée de toutes parts.

La consultation n'était pas commencée que deux députés du Parti québécois avaient déjà claqué la porte. Le critique en matière d'environnement, Scott McKay, et le député de Masson, Guillaume Tremblay, ont boycotté les audiences, qu'ils jugent superflues puisque Écolosol n'a jamais eu le droit, selon eux, d'enfouir des sols contaminés.

«Le site est exploité depuis quelques années dans l'illégalité technique», a résumé Scott McKay.

Les règlements municipaux de Mascouche permettent à une entreprise de stocker temporairement ou de traiter des sols contaminés, mais non de les enfouir à long terme. Le PQ estime donc que le gouvernement n'aurait jamais dû accorder de permis à Écolosol et qu'il doit le lui retirer sur-le-champ.

«Comment se fait-il que la ministre de l'Environnement ne retire pas son certificat d'autorisation au site, où l'on pratique déjà l'enfouissement de sols contaminés? a demandé M. McKay. Il a été démontré que la réglementation municipale ne permet pas l'enfouissement, seulement le stockage temporaire.»

Des intervenants aux audiences d'hier soir ont abondé en son sens. Laurent Lévesque, du Comité Environnement les Moulins, estime que le lieu d'enfouissement n'aurait jamais dû exister. Et il voit mal comment le gouvernement peut autoriser la poursuite de ses activités.

«Il a été admis, d'une part, qu'Écolosol pratique de l'enfouissement à Mascouche et, d'autre part, que le règlement municipal ne permet pas l'enfouissement», a-t-il dénoncé.

«Du stockage par enfouissement»

Le président d'Écolosol, Normand Trudel, n'a pas assisté aux audiences. Son adjointe, Sylvie Chassé, a affirmé que l'entreprise avait obtenu tous les permis nécessaires pour exploiter l'endroit.

L'entreprise assure qu'elle pratique le stockage des sols contaminés, et non l'enfouissement permanent. Elle promet de valoriser les terres qu'elle enfouit, mais elle ne précise pas dans combien de temps.

«C'est du stockage par enfouissement, a résumé Sylvie Chassé. Il n'y a pas de durée définie parce qu'on ne sait pas combien de temps ça va prendre avant qu'on découvre les bonnes méthodes de traitement.»

En 2007, Québec a adopté un règlement qui limite à un an la durée de stockage des sols contaminés. Mais un consultant en environnement embauché par Écolosol, Jean-Louis Chamard, affirme que l'entreprise n'est pas assujettie à ce règlement puisqu'elle a obtenu l'autorisation d'ouvrir lieu d'enfouissement deux ans avant qu'il soit adopté.

«Stockage, ça inclut qu'on peut mettre les sols dans une cellule», a indiqué M. Chamard.

- Aussi longtemps que vous voulez? a demandé La Presse.

- Oui», a-t-il répondu.

Le président d'Écolosol, Normand Trudel, a versé d'importantes contributions au Parti libéral et au Parti québécois. L'un des actionnaires de l'entreprise est l'homme d'affaires Tony Accurso, qui s'est notamment retrouvé au coeur du scandale des compteurs d'eau à Montréal.