Les Etats-Unis ont fermement appelé mercredi les grands pays émergents, surtout la Chine, à s'engager sérieusement à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre sans quoi un accord sera impossible à la conférence de Copenhague sur le climat en décembre.

«Le point sur lequel nous ne sommes pas d'accord est le fait que nous devions nous engager à mettre en oeuvre ce que nous avons promis de faire tandis que de grands pays en développement ne prennent aucun engagement», a dit l'émissaire américain pour le climat, Todd Stern devant la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants.

Il a aussi invité ces pays, dont surtout à la Chine, à changer «leur mentalité» consistant à faire porter la seule responsabilité du réchauffement au monde développé pour justifier leur inaction.

Cette attitude «ne débouchera pas sur un accord à Copenhague», a-t-il mis en garde.

«Nous ne pouvons pas résoudre le problème (du réchauffement) sans des mesures majeures des pays aux économies émergentes et aucun pays ne tient entre ses mains le destin de la planète autant que la Chine», a insisté l'émissaire américain.

La Chine est devenue le premier émetteur de dioxyde de carbone (CO2) de la planète, surpassant les Etats-Unis qui restent toutefois le numéro un par habitant.

Chine et Etats-Unis, deux gros consommateurs de charbon pour produire leur électricité, comptent pour plus de 40% des émissions mondiales de CO2.

La mise en garde de M. Stern intervient au lendemain de l'intervention de la chancelière allemande Angela Merkel devant le Congrès américain, invitant les Etats-Unis à se joindre à l'Europe pour se montrer prêts à s'engager sur une réduction de leur émissions de CO2 afin de persuader Pékin d'en faire autant.

«Le temps qui reste est court avec 32 jours avant le début de la conférence de Copenhague» (7-18 décembre), a noté M. Stern, qualifiant «de totalement problématique» la lenteur des progrès des négociations de l'ONU. Un accord à Copenhague vise à succéder au Protocole de Kyoto après 2012.

M. Stern a néanmoins souligné que les discussions sur le climat tenues dans le cadre bilatéral et du Forum des économies majeures développées et en développement étaient «plus constructives».

Il a aussi relevé que «paradoxalement, nous sommes à un moment de l'histoire où plus de pays que jamais prennent des mesures sérieuses pour combattre le réchauffement».

La Chine s'est ainsi de plus en plus engagée dans le développement d'énergies propres et met en oeuvre des mesures pour limiter l'accroissement de ses émissions de CO2, a-t-il souligné, citant également les mesures notables de lutte contre le réchauffement de l'Inde et du Brésil.

«Le défi a-t-il expliqué, c'est de convaincre ces pays qu'ils doivent faire plus et traduire ces engagements dans un accord international».

Mais Todd Stern a estimé que les Etats-Unis avaient eux aussi beaucoup de travail.

«Ce que nous faisons au plan intérieur est très important pour notre crédibilité et notre influence», a-t-il dit en référence au projet de loi sur le climat discuté au Sénat et dont le sort est très incertain. Ce texte prévoit une réduction des émissions de CO2 de 20% d'ici 2020 comparativement aux niveaux de 2005.

M. Stern a dit espérer que le Sénat y intégrerait une assistance financière pour aider les pays en développement à combattre le réchauffement.

«Le monde suit de près notre processus législatif et plus on fera de progrès d'ici Copenhague, mieux ça sera», a-t-il dit.