Le groupe écologiste Equiterre propose aux Québécois de se libérer de leur dépendance au pétrole d'ici 2030.

Dans un document d'une soixantaine de pages qu'il a dévoilé mercredi à Montréal, le groupe écologiste s'adresse au gouvernement du Québec, qui devra être plus cohérent dans ses façons de gérer et de réglementer, mais aussi aux citoyens, qui devront accepter le péage sur les autoroutes et des taxes sur le stationnement. Coordonnateur des choix collectifs chez Equiterre, Hugo Séguin n'a pas mâché ses mots à l'endroit du gouvernement Charest.

«Le gouvernement du Québec est un gouvernement qui est capable du meilleur et du pire en même temps. Il y a un aspect schizophrénique du gouvernement. D'un côté on a des objectifs très ambitieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre, on a une démarche très structurée, très déterminée et, de l'autre côté, on a des pans entiers du gouvernement qui sont extrêmement conservateurs. J'ai en tête de grandes parties du ministère des Transports, de grandes parties du ministère des Affaires municipales, où on voit encore le développement du Québec selon l'approche moderniste des années 60 ou 70», dénonce M. Séguin.

Pour parvenir à son objectif de réduire la dépendance au pétrole, Equiterre propose une série d'avenues audacieuses, parmi lesquelles l'abandon du chauffage au mazout dans les nouvelles constructions, une meilleure protection des terres agricoles et une densification des milieux déjà construits.

Equiterre voudrait que l'on repense l'aménagement urbain, afin de permettre à une majorité de Québécois de combler leurs besoins en produits et services essentiels à une distance de moins de 500 mètres de leur résidence.

Equiterre propose également que les investissements pour le transport soient davantage canalisés vers le transport collectif.

Il veut aussi des normes plus exigeantes d'efficacité énergétique pour le secteur automobile.

Il prône également, pour le milieu agricole, un recours accru à la biomasse, au solaire, à l'éolien et à la géothermie.

Steven Guilbeault, coordonnateur général adjoint d'Equiterre, avoue que l'objectif est ambitieux, mais rappelle qu'on a déjà douté aussi de la capacité des éoliennes avant de choisir d'en développer plusieurs parcs.

C'est donc une question de volonté politique, selon lui, et de choix différents.

Et même si le vaste plan d'Equiterre propose des péages sur les autoroutes, des taxes sur les stationnements, des redevances sur l'essence, M. Guilbeault ne croit pas qu'il s'agisse d'un si grand sacrifice quand on regarde le portrait d'ensemble.

«Pour nous, ce n'est pas un grand sacrifice, au contraire, c'est une grande opportunité. Je ne pense pas que les Scandinaves, qui ont une consommation énergétique qui est trois à quatre fois inférieure à la nôtre, se disent, le matin en se levant: «mon dieu que j'aimerais ça consommer comme un Nord-Américain, mon dieu que j'aimerais ça polluer comme un Nord-Américain. Il me semble que je serais plus heureux si je consommais plus, si j'émettais plus de gaz à effet de serre.» Ces gens-là ont une qualité de vie, une économie très semblable à la nôtre, un climat semblable au nôtre, des programmes sociaux dans certains cas plus performants que les nôtres et ils ont une consommation énergétique qui est trois à quatre fois inférieure», souligne M. Guilbeault.

Le gouvernement du Québec tiendra justement une consultation, la semaine prochaine, sur les objectifs de réduction des gaz à effet de serre pour 2020.