Le réchauffement climatique va modifier la circulation de l'ozone entre la stratosphère et la troposphère (basse atmosphère), augmentant ou diminuant les quantités d'ultra-violets reçues au sol dans différentes régions du globe, selon une étude publiée dimanche.

Plus de 20 ans après la signature du protocole de Montréal bannissant les chlorofluorocarbures (CFC), le «trou» d'ozone au-dessus du continent antarctique est lentement en train de se refermer dans la stratosphère, située entre 10 et 50 km au-dessus de nos têtes, où la présence de ce gaz nous protège. Une trop grande quantité d'ultra-violets est dangereuse pour la peau et les yeux, mais ces rayons du soleil nous sont toutefois nécessaires, notamment pour fixer la vitamine D.

Deux chercheurs de l'université de Toronto, au Canada, Michaela Hegglin et Theodore Shepherd, qui publient dimanche leur travaux dans la revue spécialisée Nature Geoscience, ont modélisé l'évolution probable de la circulation de l'ozone jusqu'en 2095, en se fondant sur les prévisions du Groupe international d'experts sur le climat (GIEC).

«Notre étude montre qu'il y a une nouvelle menace pour la couche d'ozone, à savoir le changement climatique, qui va soit augmenter soit diminuer les UV en fonction des régions» du globe, a déclaré à l'AFP Mme Hegglin.

 Selon les deux chercheurs, les quantités d'UV reçues au sol par temps clair à la fin du 21ème siècle par rapport à 1965, avant la formation du «trou» d'ozone, diminueront de 9% dans les hautes latitudes de l'hémisphère nord, en Scandinavie, dans le nord de la Russie ou en Alaska.

À l'opposé, les terres australes situées à plus de 60° de latitude Sud, concernées au premier chef il y a 20 ans par le «trou» dans la couche d'ozone, vont de nouveau connaître une augmentation de leur exposition aux UV à la fin du siècle, après avoir connu une importante amélioration de leur situation grâce à l'interdiction des CFC jusque vers 2035.

En 2095, il pourrait y avoir en moyenne 10% de plus d'UV qu'en 1965 dans ces régions, voire 20% certaines années, selon le modèle de Hegglin et Shepherd.

«Ces changements dans la distribution de l'ozone et du rayonnement ultra-violet n'ont rien à voir avec les effets chimiques» des CFC, souligne dans un commentaire David Stevenson, de l'université d'Edimbourg au Royaume-Uni.

 Il ajoute que ces changements sont «uniquement dus à une accélération, due au changement climatique, de la circulation de Brewer-Dobson» décrivant l'accumulation dans les régions polaires de l'ozone, qui se forme en altitude au-dessus des régions tropicales.

Cette accélération provoquera à son tour une augmentation de l'ozone de 2,6% par an passant de la stratosphère à la troposphère (basse atmosphère), où l'ozone constitue un gaz effet de serre, polluant de surcroît.

Toutefois, «le réchauffement est accompagné par d'autres facteurs qui contribuent à réduire les concentrations d'ozone troposphérique», notamment en raison d'une plus grande humidité de l'atmosphère, tempère M. Stevenson.