Les provinces auront leur mot à dire dans le choix d'un lieu d'enfouissement des déchets nucléaires canadiens, ce qui diminue considérablement les chances que le site se retrouve au Québec.

La Société de gestion des déchets nucléaires, qui débutait cet après-midi la portion québécoise de ses consultations, a indiqué que les provinces ne seraient pas consultées comme tel, mais que leur refus d'appuyer la candidature d'une municipalité sera définitivement pris en compte.

«Toute communauté qui se portera volontaire devra démontrer de façon convaincante son consentement, en plus de montrer qu'elle travaille avec toutes les personnes touchées par le projet, a indiqué Ben Belfadhel, de la SGDN. En ce sens, les provinces auront leur mot à dire.»

Bien que cela ne réduise pas à néant les chances qu'une municipalité québécoise soit choisie, cela les réduit de façon importante, car l'an dernier, l'Assemblée nationale a adopté à l'unanimité une motion contre l'enfouissement de déchets et de combustibles irradiés venant de l'extérieur de la province.

La Presse révélait ce matin que le Bloc et le Parti québécois ont demandé à la SGDN de prendre en compte la portion de déchets produite dans une province dans le choix d'un site, ce qui exclurait d'emblée le Québec où n'ont été produites à ce jour que 3,87% de l'ensemble des grappes nucléaires canadiennes.

«Il n'existe pas un critère unique pour le choix du site», précise cependant Ben Belfadhel. Son organisme a en effet dressé une liste de conditions à remplir, comme celle de posséder sur son territoire un site apte à confiner et isoler le combustible nucléaire irradié pour de très longues périodes de temps. Mais d'abord et avant tout, la ville doit être «informée et consentante».

La Société fédérale, composée des trois producteurs nucléaires du pays -dont Hydro-Québec-, a pour mandat d'encadrer le choix d'un lieu où seront enfouies les quelque 2 millions de grappes d'uranium usées qui ont alimenté les centrales nucléaires du pays depuis 40 ans.

Évalué entre 16 et 24 milliards de dollars, ce projet vise à transporter les grappes radioactives, de la dimension d'une bûche, vers un site doté d'une formation géologique appropriée (Bouclier canadien ou roches sédimentaires). Le combustible irradié serait ensuite acheminé mécaniquement vers un trou en profondeur, où il serait scellé pour une très longue période de temps.

«Lors des consultations précédentes, les gens nous ont dit être inconfortables avec l'idée d'enfouir tout ça et de l'oublier, a indiqué M. Belfadhel. Nous avons donc opté pour une méthode flexible qui nous permettrait dans le futur d'aller rechercher le combustible si besoin est.»

Autrement dit, si la science réussit à développer une technique de recyclage de l'uranium économiquement rentable, par exemple, les grappes pourraient être récupérées à cette fin. Notons que les pays qui utilisent de l'uranium enrichi, comme la France par exemple, réutilise une portion de leur carburant, ce qui n'est pas le cas du Canada, qui utilise de l'uranium naturel.

Personne ne sait au juste quand, précisément, ce projet verra le jour. Mais si tout va bien, indique Ben Belfadhel, cela pourrait se faire après 2035.

Plusieurs autres pays sont également dans la course pour enfouir leur combustible irradié, comme le Chine, la Suisse, le Japon et l'Allemagne. La Finlande et la Suède sont certainement les plus avancées, avec des mises en exploitation prévues pour 2020.

Aux États-Unis, un projet similaire est en cours à Yucca Mountain, au Nevada. Alors qu'on prévoyait que le tout serait prêt en 2017, l'entrée en exploitation se fera probablement bien après 2020 en raison d'oppositions locales.

(Source vidéo : Société de gestion des déchets nucléaires)