«L'uranium est une bête qui dort. Et il y a des choses qui méritent de ne pas être dérangées. Quand tu les réveilles, c'est là que ça peut devenir dangereux.»

Jonathan Genest-Jourdain a du feu dans les yeux. Dans son modeste bureau du conseil de bande d'Uashat-Malioténam (Itum), le jeune avocat explique méthodiquement l'opposition des Innus à l'uranium.

 

C'est que, contrairement aux pouvoirs locaux, Québec doit consulter les autochtones pour tout ce qui touche les territoires ancestraux de la communauté. L'avis est vague: «Site de forage dans le cadre de prospection minière.» Des discussions subséquentes avec le ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF) ont permis aux Innus de découvrir les projets de prospection de Terra Ventures, à 15 km au nord de Sept-Îles, mais aussi de RT Minerals, au nord du lac Butler, à l'ouest de Sept-Îles, à quelques kilomètres du Saint-Laurent.

Le conseil de bande a demandé un moratoire, par résolution, le 23 février. L'exploration et l'exploitation de l'uranium vont à l'encontre «de nos valeurs ancestrales et de notre vision du développement durable».

Mais où commencent et où finissent les terres ancestrales? Pour M. Genest-Jourdain, il ne fait pas de doute que Québec devra tenir compte de la demande des Innus. «Elle a un poids légal puisque nous exerçons des activités traditionnelles sur l'ensemble du territoire. Ce n'est pas pour rien, d'ailleurs, qu'on reçoit les avis du gouvernement.»

Le conseil de bande ne s'est pas arrêté en si bon chemin. Le chef Georges-Ernest Grégoire a écrit à la ministre de l'Environnement Line Beauchamp pour demander une audience du BAPE sur les effets de l'uranium sur l'environnement et la santé publique pour l'ensemble du Québec. «On a essayé d'être le plus inclusifs possible», a expliqué l'avocat.

L'exploitation de l'uranium, «c'est étranger à nos valeurs, a-t-il dit. Nous avons d'autres ressources, comme la pourvoirie et l'écotourisme. Ce sont des avenues à privilégier parce qu'elles sensibilisent la population à la nature et à nos valeurs ancestrales.»