Mettant un point final «à un combat sans répit de 32 ans», Brigitte Bardot s'est réjouie, mardi, d'une victoire par K.O. dans sa guerre contre la chasse aux phoques, après le vote par le Parlement européen à une large majorité d'un règlement interdisant l'importation dans l'UE de tous produits dérivés des pinnipèdes (phoques, otaries...), fermant ainsi le marché européen au principal fournisseur mondial qu'est le Canada.

«Je ne sais pas si je dois rire ou pleurer», a confié «B.B.» dans un entretien téléphonique accordé à l'Associated Press depuis sa résidence de La Madrague. «Je suis dans cet état un peu magique, sur un petit nuage, un peu comme si l'on était atteint d'une maladie incurable et qu'on vous annonçait tout à coup que, par miracle, vous êtes guéri.»

Brigitte Bardot a rappelé le «parcours du combattant qu'elle a embrassé il y a 32 ans» quand, renonçant à sa carrière d'actrice, elle fit ses premiers pas sur la banquise canadienne pour finalement obtenir, en 1983, l'interdiction de la chasse aux blanchons (bébés phoques) et phoques à capuchons.

Les produits issus de la chasse aux phoques, dont l'importation a été interdite mardi par l'UE, sont en fait majoritairement constitués par des fourrures importées et transformées, des produits cosmétiques et de compléments alimentaires.

L'ancienne actrice ne tarit pas d'éloges pour le commissaire européen à l'environnement, Stavros Dimas. «Il a porté cette loi, et a été l'un des premiers à se mobiliser contre la violence et la barbarie des images de chasse aux phoques au Canada que nous lui avions soumises en 2007», a ajouté Brigitte Bardot.

Avec le quota de 300 000 phoques pouvant être abattus au Canada pour la saison en cours, Bardot ne masque pas les relations plus que difficiles que sa fondation a entretenues avec le gouvernement canadien. «Quand je me suis rendue au Canada en 2006 pour faire valoir le point de vue d'une grande partie de l'opinion publique - dont des Canadiens -, non seulement le premier ministre Stephen Harper ne m'a pas reçue, mais il n'a pas même daigné me parler au téléphone.»

Elle se souvient aussi de l'accueil «plus que glacial» au cours duquel les services de l'immigration l'ont retenue plusieurs heures et interrogée comme une «terroriste potentielle», après avoir passé en revue son casier judiciaire en France et allant jusqu'à lui demander «si elle n'était pas venue poser une bombe».

Le règlement adopté mardi par les eurodéputés devrait être rapidement avalisé par les États membres après parution au Journal officiel de l'UE, vraisemblablement avant la fin de l'année. Et Bardot de conclure: «Si cela se fait avant la prochaine saison de chasse aux phoques au Canada (printemps 2010, NDLR), au moins, je n'aurais pas vécu cette vie pour rien».