L'intérêt des Américains pour l'hydroélectricité québécoise est réel, mais la province risque d'avoir du mal à la vendre comme énergie «verte», prévient un sénateur du Maine.

«Il n'y a pas de problème à ce que l'électricité québécoise soit importée ici, indique Phil Bartlett. Mais il y aurait certainement de sérieuses objections à ce qu'elle soit admissible aux crédits d'énergie renouvelable.»

Leader de la majorité au Sénat du Maine, M. Bartlett pilote également un comité sur les services publics et l'énergie.

Joint par téléphone à Burlington, où il participe à une réunion du Conseil des gouvernements d'État de l'Est des États-Unis, le sénateur souligne que plusieurs groupes écologistes s'opposent aux grands chantiers hydroélectriques. On reproche aux barrages de modifier le cours des rivières, de nuire à la faune et à la flore, en plus de perturber les populations locales.

La Presse a d'ailleurs rapporté vendredi que plusieurs organisations se rendront dans l'État de New York pour rencontrer des membres haut placés de l'équipe du gouverneur, David A. Paterson. De nombreux groupes ont confirmé leur présence, notamment le Sierra Club USA, des organismes québécois et le chef de la communauté Uashat-Maliotenam de Sept-Îles, Georges-Ernest Grégoire.

Mais ce n'est pas tout, dit le sénateur Bartlett. En conférant un statut «vert» à l'électricité québécoise, des États mineraient les efforts qu'ils ont entrepris, ces dernières années, pour diversifier leur approvisionnement en énergie.

Plusieurs États, notamment dans le Nord-Est, se sont déjà dotés de règles les obligeant à s'approvisionner en énergies renouvelables. Dans le cas du Maine, par exemple, 30 % de l'électricité doit provenir de sources vertes, et la proportion grimpera à 40% en 2017.

«Il y a une préoccupation importante, dit M. Bartlett. Si l'hydroélectricité québécoise inonde le marché de la Nouvelle-Angleterre et accapare tous les crédits pour l'énergie renouvelable, cela pourrait nuire au secteur éolien ou aux petits projets hydroélectriques ici.»

Depuis l'élection de Barack Obama, le gouvernement rêve de faire du Québec la prochaine Alberta de l'électricité. Lors de sa visite à Ottawa, le mois dernier, le président américain a en effet parlé de moderniser le réseau de distribution électrique nord-américain.

Et le gouvernement Harper tente de faire reconnaître l'hydroélectricité comme une énergie renouvelable.

Ce statut pourrait rendre le courant québécois beaucoup plus attrayant pour les entreprises américaines, qui bénéficient de subventions à l'achat d'énergie propre. Mais la proposition ne passe pas comme une lettre à la poste, souligne le sénateur Phil Bartlett.

«Lorsqu'on parle de certifier une énergie comme "renouvelable", il y a un soutien beaucoup plus grand pour les projets hydroélectriques de petite envergure et pour l'éolien», résume-t-il.

Plus d'éolien

Le député péquiste François Rebello, qui assiste à la même conférence que Phil Bartlett, estime que le message est clair. Hydro-Québec doit produire davantage d'électricité éolienne pour satisfaire les demandes de ses clients américains et augmenter ses exportations.

«Hydro-Québec devrait avoir un vrai plan pour produire de l'électricité autrement qu'avec de grands barrages, estime le député. Et surtout de l'énergie éolienne, parce qu'on a un grand potentiel au Québec.»