De nombreux Montréalais ont avalé leur café de travers, hier matin, lorsqu'ils ont vu des cols bleus vider le contenu de leur bac de récupération directement... dans un camion à ordures.

Plusieurs d'entre eux ont aussitôt joint La Presse, craignant avec raison que les matières recyclables qu'ils avaient méticuleusement triées prennent la direction du dépotoir.

 

Or il n'en est rien, selon la Ville de Montréal. Ce qui change, ce n'est pas la destination finale des matières, mais bien la façon de mener la collecte, qui sera dorénavant assurée par les cols bleus et leurs bons vieux camions à ordures. «Les contrats de collecte de plusieurs arrondissements, comme Ville-Marie, Ahuntsic, Villeray et le Sud-Ouest, sont venus à échéance en 2008, a indiqué Valérie De Gagné, porte-parole de la Ville. Ce sont les cols bleus, dorénavant, qui prendront le relais.»

Au centre-ville, par exemple, deux camions à ordures ont ainsi été nettoyés et convertis en camions de collecte des matières recyclables. La même chose est en cours dans le Plateau Mont-Royal et dans les autres arrondissements mentionnés.

Mais ne craint-on pas de rendre les matières inutilisables, avec ces camions habitués à écraser les déchets? «Pas du tout, répond Jacques-Alain Lavallée, de l'arrondissement de Ville-Marie. Lors de la collecte, on peut mettre jusqu'à 10 tonnes de déchets dans un camion. Mais on se limitera à quelque 6 tonnes pour les matières recyclables, qui seront moins compactées.»

Et le verre, ne sera-t-il pas broyé? Il appert qu'il peut maintenant être déchargé en tout petits morceaux coupants au centre de tri sans que cela ne pose de problèmes, contrairement à ce qui prévalait avant. Cela a été rendu possible par la modernisation récente, à coût de millions de dollars, du centre de tri Tiru, à Saint-Michel.

«Avant, on demandait de ne pas mettre le verre brisé au recyclage pour éviter que les personnes qui manipulent les matières se blessent. Aujourd'hui, en revanche, le centre de tri est doté de nouvelles machines qui font le tri du verre grâce à des lecteurs lasers», explique Patrick Saint-Germain, guide au Complexe environnemental de Saint-Michel (TOHU).

Autrement dit, les Montréalais qui voient leurs matières recyclables se diriger vers le centre de tri Saint-Michel (il faut appeler son bureau d'arrondissement pour en savoir plus) peuvent maintenant déposer leurs matières recyclables pêle-mêle dans leur bac ou leur sac bleu transparent, sans crainte que le tout soit envoyé à l'enfouissement.

Tous ces changements n'ont donc rien à voir avec les problèmes rencontrés ces derniers mois par les centres de tri. À l'arrondissement du Plateau, on explique que la collecte des matières recyclables se fera dorénavant par les cols bleus pour de simples raisons financières.

«Une étude menée par la ville centre a conclu qu'il y avait des économies liées à cette réorganisation, a indiqué le porte-parole, Michel Tanguay. La collecte des ordures, par contre, continuera d'être faite par le privé.»