Plusieurs effets dommageables des changements climatiques sont déjà foncièrement irréversibles, ont affirmé des chercheurs américains, lundi. Selon eux, même si on réussissait à stopper les émissions de carbone, les températures du globe demeureraient élevées au moins jusqu'en l'an 3000. C'est la conclusion à laquelle en arrive la chercheure Susan Solomon, dont l'étude paraît mardi dans «Proceedings of the National Academy of Sciences».

«Les gens pensent que si nous cessons d'émettre du dioxyde de carbone, le climat reviendra à la normale dans 100, 200 ans; ce n'est pas vrai», a déclaré Mme Solomon au cours d'une conférence téléphonique.

Attachée au laboratoire de recherche du National Oceanic and Atmospheric Administration's Earth System, à Boulder, au Colorado, Mme Solomon, qui a dirigé une équipe internationale de scientifiques, définit un changement «irréversible» comme un changement qui persisterait pendant 1000 ans, même si les humains stoppaient immédiatement l'ajout de carbone à l'atmosphère.

Ce constat survient au moment où le nouveau président américain Barack Obama ordonne des révisions de programmes susceptibles d'entraîner une plus grande efficacité énergétique et une réduction de la pollution de l'air.

Selon Mme Solomon, les changements climatiques sont lents, mais inéluctables - et il est d'autant plus important d'agir rapidement afin que la situation à long terme ne s'aggrave pas davantage.

Alan Robock, du Center for Environmental Prediction de l'Université Rutgers, abonde dans le même sens. D'après le scientifique, qui n'a pas participé à la recherche de Mme Solomon, cela signifie que «nous devons essayer encore plus fort de réduire les émissions».

De l'avis d'un autre chercheur, de l'Université de l'Arizona, le rapport de Mme Solomon, sans être alarmiste, est important pour les débats en cours sur les politiques affectant le climat.

Un scientifique du National Center for Atmospheric Research, qui ne fait pas partie de l'équipe de Mme Solomon, a soutenu que «plus longtemps nous attendons pour faire quelque chose, plus les changements irréversibles auxquels nous devrons nous adapter seront importants».

La recherche a été effectuée en collaboration avec des scientifiques suisses et français, et l'appui du département américain de l'Énergie.