Le Canada ne s'est pas encore doté de mécanismes de contrôle pour extraire les matières dangereuses du réseau de radars DEW, ce qui pourrait constituer un risque pour l'environnement et la santé publique, estime le vérificateur de la Défense nationale.

Dans son rapport datant de janvier 2008, le chef du service d'examen déplore que les contrats de décontamination accordés ces dernières années à des sous-traitants sont trop flous pour protéger l'environnement et la santé humaine.

 

Ayant analysé les documents produits entre 2002 et 2005, il conclut qu'ils ne renferment «aucune preuve indiquant que des mesures de contrôle étaient en place pour s'assurer que les entrepreneurs enlevaient bel et bien les matières dangereuses des articles qu'ils récupéraient».

«Cette situation crée un risque environnemental pour le projet et pour la Défense nationale. Le Ministère pourrait être tenu responsable des futurs problèmes de santé découlant de l'utilisation d'équipement possiblement contaminé», ajoute-t-il.

Yves Bélanger, professeur de sciences politiques à l'UQAM, spécialisé dans les questions militaires, se dit inquiet des conclusions de la vérification interne. Il rappelle que les 21 endroits en questions sont «lourdement contaminés», qu'ils contiennent des centaines de tonnes de débris, de résidus toxiques et de sol contaminé et qu'ils se trouvent dans un écosystème fragile, qui peine à récupérer.

«Imaginez! Tout ce qui a pu être acheminé dans le Nord pendant 30 ans est resté là, que ce soit le plus ordinaire des déchets ou les produits toxiques destinés à faire fonctionner les appareils dans le Grand Nord», précise-t-il.

«L'objectif que l'on s'est fixé, ajoute-t-il, est la remise en l'état original des sites. Si on n'a pas respecté cet engagement, c'est inacceptable.»

Pas de plan

Le rapport souligne que malgré la présence de matières toxiques et dangereuses, «l'équipe du projet n'a pas de plan officiel de gestion des risques ni de stratégie de sortie approuvée pour gérer efficacement l'achèvement du projet».

Le chef du service d'examen de la Défense nationale recommande que les travaux des entrepreneurs engagés soient mieux encadrés pour diminuer les risques. Il note par exemple que les contrats accordés ces dernières années permettent aux entrepreneurs «et à des tiers externes» de réutiliser ou de recycler du matériel provenant des anciens radars, ce qui «est susceptible d'accroître les risques pour l'environnement et la responsabilité financière».

«L'approbation contractuelle des activités de récupération des biens excédentaires sans l'exercice d'un contrôle adéquat sur l'enlèvement d'éventuelles matières dangereuses pourrait avoir de sérieuses conséquences environnementales et financières», peut-on lire. Le rapport ne contient pas plus de détails sur le matériel en question ou sur les risques encourus. En outre, les questions posées à la Défense nationale par La Presse sont restées sans réponse, malgré un délai de plus de deux mois.