La disparition spectaculaire et inexpliquée des abeilles, jusqu'à 30% des essaims dans certaines régions des Etats-Unis, pousse les scientifiques américains à planter arbres, arbustes et autres fleurs sauvages préférés des pollinisateurs, dans le but de les attirer.

Les abeilles qui pollinisent de nombreuses cultures en fleurs, notamment les amandiers, les pommiers et les mûriers, sont indispensables à l'agriculture, aux Etats-Unis comme ailleurs. Les chercheurs étudient par ailleurs dans quelle mesure les pesticides et d'autres produits chimiques utilisés dans les champs et les jardins pourraient agir sur les abeilles comme sur les bourdons, ou sur d'autres insectes pollinisateurs.

Plus faciles à manier et plus nombreuses, les abeilles sont les pollinisateurs de choix: une seule colonie peut contenir jusqu'à 20 000 ouvrières. Par comparaison, une colonie de bourdons peut ne compter que quelques 200 ouvrières.

Les abeilles ont beaucoup souffert des mites qui se sont attaquées aux ruches, et plus récemment d'une maladie qui a elle aussi décimé les essaims, laissant les survivantes plus faibles que d'habitude.

En 2006, les apiculteurs ont commencé à faire état de leurs pertes évaluées de 30 à 90% de leurs ruches. Depuis, le pourcentage de perte annuel est grossièrement de 33%, selon les estimations du gouvernement américain.

Le premier cas d'effondrement des essaims a été officiellement annoncé en Pennsylvanie, où l'université publique a été le fer de lance de la recherche. Maryann Frazier, qui travaille dans le service d'entomologie de l'école, a expliqué que les chercheurs demeuraient inquiets concernant le nombre et l'association de différents pesticides retrouvés dans les ruches décimées.

«Nous réalisons que c'est plus compliqué que ce que nous imaginions il y a encore un an», a commenté Maryann Frazier. «Compte-tenu de ce que nous savons à l'heure actuelle, ce n'est pas quelque chose que nous allons comprendre rapidement.»

Différentes espèces indigènes, abeilles, papillons, colibris, chauve-souris, sont elles aussi en déclin, selon l'Académie nationale des sciences. Dans un rapport daté de 2006, l'académie américaine estime que les propriétaires terriens réaliseraient une avancée en rendant l'environnement plus «amical», notamment en faisant pousser des plantes indigènes. Une idée que les scientifiques commencent à appliquer à large échelle sur tout le territoire, dans l'espoir de faire revenir les abeilles.

Une expérience similaire est en cours à l'Institut de recherche environnementale de l'Université du Kentucky. Depuis un an, l'apiculteur Tammy Horn travaille à la plantation d'arbres, d'arbustes et de fleurs sauvages, plutôt qu'à celle de bois à vocation industrielle.

Le soutien local des habitants et des charbonnages encouragent le travail de Horn. «C'est important pour le succès de mon projet», a déclaré Horn dans un entretien téléphonique avec l'Associated Press. «Même les gens qui se fichent de l'apiculture s'y mettent et savent que c'est important.»

Son initiative écologique pourrait bientôt s'étendre à d'autres Etats de l'Union, notamment la Californie et la Pennsylvanie.