Les dirigeants de l'Union européenne ont trouvé un accord vendredi pour mettre en oeuvre leurs objectifs ambitieux de protection du climat, qui doit servir d'exemple pour les négociations internationales, permettant à la France d'achever sur un succès sa présidence.

«Il n'y a pas un continent au monde qui se soit doté de règles aussi contraignantes», s'est félicité le président français Nicolas Sarkozy, lors d'une conférence de presse à l'issue du sommet.«Nous avons réussi», «nous sommes dignes de notre rôle d'avant-garde», a déclaré la chancelière allemande Angela Merkel.

Cet accord a été scellé malgré la crise économique, face à laquelle les dirigeants de l'UE ont approuvé vendredi un plan de relance d'un montant global chiffré à «environ 1,5% du PIB» de l'UE, soit environ 200 milliards d'euros.

Annoncé au dernier jour de la conférence internationale de Poznan (Pologne), cet accord devrait placer les Européens en position de force pour les négociations internationales sur le climat de Copenhague prévues en décembre 2009.

Le plan d'action adopté doit permettre à l'UE d'atteindre d'ici 2020 le triple objectif qu'elle s'était fixé en 2007: réduire de 20% les émissions de gaz à effet de serre par rapport à leurs niveaux de 1990, porter la part des énergies renouvelables à 20% de la consommation et réaliser 20% d'économies d'énergie.

L'Allemagne, l'Italie et la Pologne, les trois grands pays qui avaient brandi des menaces de veto au plan européen avant le sommet, ont finalement accepté le compromis.

Ils s'étaient particulièrement inquiétés des contraintes imposées par ce plan en pleine crise économique à leurs industriels, dont la plupart devront commencer en 2013 à acheter aux enchères des permis d'émissions de CO2 qu'ils recevaient jusqu'ici gratuitement.

Paris a en effet accédé à beaucoup de leurs demandes de limiter les efforts demandés à leurs industries.

Au final, avec toutes les exemptions obtenues par les uns et les autres, la proportion de permis à polluer que devront acheter les industriels restera encore très faible en 2013, même si elle augmentera graduellement d'ici 2020.

Les centrales électriques au charbon de Pologne et des autres pays de l'Est n'auront elles à payer que 30% de leurs quotas d'émissions en 2013, pour arriver progressivement à 100% en 2019. Un résultat dont le Premier ministre polonais Donald Tusk s'est dit «satisfait».

Toutes les exemptions obtenues ont fait dire aux organisations de défense de l'environnement, dont Greenpeace, le WWF et Friends of the Earth Europe - avant même l'annonce de l'accord - qu'il constituait «un échec».

Elles ont appelé le Parlement européen à amender le texte lors du vote prévu en première lecture la semaine prochaine.

La Hongrie aura été vendredi matin le dernier obstacle à un accord, jugeant insuffisant le mécanisme de solidarité prévu pour aider les pays de l'Est, les plus pauvres de l'UE, à s'adapter aux contraintes imposées pour la «révolution verte» prônée par ce plan.

Un nouveau texte soumis aux dirigeants de l'UE en fin de matinée a finalement rallié Budapest.

Les dirigeants de l'UE ont aussi avalisé vendredi la solution trouvée pour surmonter le «non» irlandais en juin du traité de Lisbonne censé permettre à l'UE élargie de mieux fonctionner.

Dublin s'est en effet engagé, moyennant des garanties, à organiser un nouveau référendum avant novembre prochain, même si son gouvernement va devoir batailler contre un camp du «non» plus que jamais mobilisé.

Mais si M. Sarkozy peut se targuer d'avoir remporté un succès sur le plan climat et d'avoir «bousculé» la machine européenne pendant ses six mois de présidence marqués aussi par les crises géorgienne et financière, Paris n'a obtenu de ses partenaires qu'une avancée minime sur un de ses dossiers fétiches: la possibilité de baisser les taux de TVA sur la restauration.