Près des deux-tiers des Européens placent désormais le changement climatique parmi les premiers problèmes mondiaux, et la plupart jugent que ni les entreprises ni les gouvernements, ni eux-mêmes, n'en font assez pour le régler, indique un sondage européen publié jeudi.

Selon ce sondage Eurobaromètre qui semble conforter la priorité donnée par l'UE depuis janvier à la lutte contre le réchauffement, 62% des Européens pensent que ce problème est l'un des plus sérieux auxquels soit confrontée la planète, juste derrière la pauvreté et devant le terrorisme international.

Il n'y a qu'en République tchèque, en Italie et au Portugal où seule une minorité classe spontanément le problème parmi les plus graves, selon cette étude réalisée de fin mars à début mai 2008 auprès de 30 000 personnes.

Pour les trois-quarts (76%) des Européens, les grandes entreprises et l'industrie n'en font pas assez, d'autant qu'ils sont 56% à penser que cela pourrait avoir un impact positif sur l'économie européenne. Les plus critiques envers les industriels sont les Grecs, les Slovènes et les Français.

Deux-tiers des Européens pensent aussi que les citoyens eux-mêmes n'en font pas assez, tout comme les gouvernements.

Preuve de leur implication personnelle, ils sont près des deux-tiers (61%) à dire avoir déjà «personnellement agi» pour lutter contre le réchauffement, avec un taux record de 87% en Suède ou 78% au Luxembourg. La motivation reste néanmoins encore limitée dans les nouveaux pays membres, comme en Lituanie (26%) ou Bulgarie (17%).

L'Union européenne elle-même, qui tente de convaincre les autres pays de se fixer des objectifs ambitieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre, est encore jugée trop en retrait, avec 58% des personnes interrogées qui jugent qu'elle devrait en faire plus.

L'UE s'est fixée pour objectif de réduire ses émissions d'au moins 20% d'ici 2020 - voire 30% si ses grands partenaires mondiaux s'engagent eux aussi dans le cadre d'un accord international - en passant par des économies d'énergie, une réduction des émissions de l'industrie et des transports, et une utilisation accrue des biocarburants.

Le commissaire européen à l'Environnement Stavros Dimas a salué un sondage qui met sur les dirigeants européens «une pression dont nous avons besoin».

Alors que le paquet législatif déclinant les objectifs européens fait l'objet d'intenses tractations entre eurodéputés et entre pays membres, M. Dimas a plaidé pour qu'il soit adopté d'ici la fin de l'année «sans dilution».

«Nous entrons dans une ère de faibles émissions. Plus vite nos entreprises et nos économies s'adapteront, mieux ce sera, c'est pour cela que nous demandons aux hommes politiques et aux entreprises de s'y adapter et de ne pas combattre les mesures que nous proposons», a-t-il déclaré.