La CSN se distancie de la FTQ quant à la stratégie à adopter pour affronter les militants de Greenpeace qui ont repris leur campagne contre AbitibiBowater.

Le président du Conseil central CSN du Saguenay-Lac-Saint-Jean, Engelbert Cottenoir fils, a mis en garde contre tout mouvement qui ferait des militants de Greenpeace des martyrs de la lutte environnementale. Tout incident impliquant de la violence aurait un effet catastrophique pour l'industrie forestière, ses travailleurs et la région, a soutenu le syndicaliste.

«Ce qui est vraiment inquiétant, ce n'est pas tant que Greenpeace veuille que la coupe forestière cesse, mais plutôt qu'il donne un deuxième souffle à sa démarche auprès des clients des compagnies forestières pour les inciter à arrêter d'acheter leurs produits. À ce sujet, nous réitérons que cette démarche est irresponsable, compte tenu de ses conséquences sur notre région», a-t-il fait valoir.

M. Cottenoir a enchaîné en rappelant que la CSN préconisait de loin la discussion et les négociations entre les parties. Ce dernier a rappelé qu'en octobre 2007, un forum tenu à Alma en présence des représentants de Greenpeace avait permis de connaître les intentions du groupe de pression.

Le président du conseil central a reconnu également qu'il serait difficile pour AbitibiBowater d'opérer ses usines en cessant les récoltes de matière première dans la zone identifiée comme la forêt intacte en forêt boréale, comme le souhaite Greenpeace.

Selon M. Cottenoir, l'objectif global fixé par tous les intervenants lors du sommet de la forêt de protéger un premier bloc de 8 pour cent des forêts est beaucoup plus réaliste.

La centrale syndicale réclame depuis des années une gestion plus transparente de la forêt et de meilleurs programmes de planification et d'aménagement de la forêt publique. Mercredi, le président du conseil central a affirmé que la CSN n'était pas piégée par Greenpeace et qu'elle a vu venir la tempête bien avant les autres organisations.

La CSN souhaiterait que les regards se tournent vers le gouvernement du Québec et les papetières qui ont entre les mains le pouvoir d'agir. La CSN juge que la réforme du régime forestier tourne au ralenti alors qu'il y avait une volonté assez évidente de mettre en place un nouveau régime plus acceptable au plan environnemental et faisant une meilleure place à l'aménagement forestier par des tiers.