Le gouvernement français a dévoilé mercredi un plan pour réduire de moitié d'ici 2018 l'usage des pesticides dans le pays, premier utilisateur de ces substances en Europe, des mesures saluées par les écologistes mais qualifiées d'irréalistes par les professionnels du secteur.

Ce plan en huit points, présenté par le ministre de l'Agriculture Michel Barnier en conseil des ministres, va coûter 206 millions d'euros sur les trois premières années.

Il répond à la demande formulée fin 2007 par le président Nicolas Sarkozy, lors d'une vaste conférence sur l'environnement, d'une réduction de 50% «si possible en dix ans».

Le gouvernement a notamment annoncé la mise en place d'un indicateur spécifique pour calculer l'intensité des pesticides utilisés et non leur seul volume. Entre 2001 et 2005, les agriculteurs ont en effet réduit les quantités utilisées, mais les pesticides étaient plus puissants.

Des indicateurs seront aussi élaborés d'ici 2012 afin de calculer l'impact et les risques sur la santé et l'environnement, alors qu'il n'y a encore aucune donnée en la matière en Europe.

Le plan prévoit également la création d'un certificat de maîtrise des produits phytosanitaires que devront passer les agriculteurs à partir de 2010.

Le gouvernement veut également désigner 3.000 exploitations agricoles exemplaires dans ce domaine. Il entend aussi réduire l'utilisation des pesticides dans les zones non agricoles, comme les espaces verts publics et les potagers des particuliers, qui représentent 10% des pesticides utilisés en France.

Ce plan a été mal accueilli par les fabricants de pesticides. L'objectif de 50% «est irréaliste, sauf si on considère que la France n'est plus un pays agricole et que nous serons obligés d'importer des produits agricoles de base», a jugé Jean-Charles Bocquet, directeur général de l'Union des industries de la protection des plantes (UIPP).

Il a fait valoir que les agriculteurs avaient déjà réduit de 40% l'usage des pesticides entre 1999 et 2006. L'association de défense de l'environnement MDRGF, l'une des plus en pointe sur ce dossier, a pour sa part salué un «bel essai à transformer».