Malgré leur contenu toxique, les ampoules fluocompactes sont moins nocives pour l'environnement que les ampoules à incandescence, en tout cas au Québec.

Une étude menée pour le compte d'Hydro-Québec, que La Pressea obtenue, recommande à la société d'État de continuer d'en promouvoir l'usage, même si leurs vertus ont été très contestées au cours des derniers mois.

Une équipe de l'École polytechnique a décortiqué les avantages et inconvénients respectifs des deux ampoules, dont ils ont comparé les impacts sur la santé humaine, la consommation d'énergie et la production de déchets.

«Pour 84% des ménages québécois qui chauffent à l'électricité, l'ampoule fluocompacte a moins d'impacts environnementaux que l'ampoule à incandescence», affirme Édouard Clément, qui a participé à la recherche.

L'hiver dernier, une étude menée à l'Université de Toronto prévenait que l'interdiction des ampoules à incandescence en 2012 ferait grimper les émissions de gaz à effet de serre dans plusieurs provinces parce que les ampoules traditionnelles émettent de la chaleur. Les ménages qui s'en débarrassent solliciteront davantage leur système de chauffage en hiver. Résultat: ceux qui chauffent au mazout ou au gaz pollueront plus, même si leur facture d'électricité baisse.

Les chercheurs ontariens estiment que les nouvelles règles entraîneront l'émission de 220 000 tonnes de CO2 supplémentaires chaque année, l'équivalent de 40 000 voitures.

D'autres détracteurs font valoir que les ampoules fluocompactes contiennent du mercure, une substance toxique qui s'accumulera dans les sites d'enfouissement.

Mais l'équipe d'Édouard Clément fait valoir que, au Québec, les avantages dépassent largement les inconvénients. D'abord parce que la vaste majorité des maisons québécoises chauffent à l'électricité. Ensuite parce qu'une ampoule fluocompacte contient cinq fois moins de mercure que la pile d'une montre-bracelet. Et comme elle consomme 75% moins d'électricité qu'une ampoule à incandescence, elle permet de réduire l'émission de polluants dans les centrales thermiques.

Autre avantage, indique André Bélisle, de la formation Québec-Kyoto, l'utilisation massive de la fluocompacte permettra au Québec d'exporter plus d'électricité vers l'Ontario et les États-Unis, où les centrales au charbon et au gaz seront moins sollicitées et émettront donc moins de GES. Voilà pourquoi ce militant estime que les conclusions des chercheurs ontariens étaient erronées.

«On ne réalise pas encore aujourd'hui la différence fondamentale entre le Québec et le reste du Canada en matière de production d'énergie, dit-il. Souvent, ça amène des études canadiennes à conclure des choses qui n'ont aucun rapport avec le Québec.»

Hydro-Québec continuera donc de faire la promotion des nouvelles ampoules. Elle reconnaît toutefois que les ménages qui ne chauffent pas à l'électricité émettront moins de gaz à effet de serre en hiver s'ils utilisent l'ampoule traditionnelle.

«Si ces gens estiment que l'économie d'énergie est plus importante, ils pourront utiliser les ampoules fluocompactes, indique la porte-parole de la société d'État, Hélène Laurin. Mais s'ils sont préoccupés par la réduction des gaz à effet de serre, ils vont peut-être privilégier les ampoules à incandescence.»