La tordeuse des bourgeons de l'épinette fait de plus en plus de ravages au Québec. On la trouve sur plus de 50 000 hectares dans la région de la Côte-Nord. Malgré la menace, le ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF) n'a pas l'intention de s'attaquer au parasite cet été.

Directeur général de la Société de protection des forêts contre les insectes et maladies (SOPFIM), Serge Tanguay aurait aimé pouvoir commencer les opérations d'arrosage par avion cette année. Mais il s'est vu refuser par Québec un plan d'intervention de 4 millions de dollars. «Notre équipe est au minimum depuis la fin de la dernière épidémie, en 1992. Nous sommes déçus de ne pas pouvoir aller sur le terrain pour faire de la formation au cas où l'épidémie dégénérerait.»

Dans les années 70 et 80, la tordeuse des bourgeons de l'épinette, une petite chenille qui s'attaque aux conifères, avait détruit 230 millions de mètres cubes de bois.

À la fin de l'été 2007, le MRNF a détecté une progression substantielle de la tordeuse dans les régions de la Côte-Nord et du Saguenay-Lac-Saint-Jean. La majorité des cas ont été recensés autour de Baie-Comeau et dans l'île d'Anticosti.

M. Tanguay n'attend que le feu vert du gouvernement pour aller au combat. «Une épidémie, quand ça commence, ça n'arrête pas. La dernière a été extrêmement ravageuse. On ne sait pas si celle-ci va être aussi importante. Dans le contexte de la crise forestière, chaque bille de bois compte.»

Le Conseil de l'industrie forestière s'inquiète lui aussi de la progression de l'épidémie. «Nous avons envoyé une lettre au gouvernement, dit le directeur de la foresterie, Jacques Gauvin. De toute évidence, il n'y a pas eu d'action et il va falloir revenir à la charge.»

Le directeur de l'environnement et de la protection des forêts au MRNF, Paul Lamirande, croit qu'une intervention n'est pas nécessaire cet été. «Nous avons demandé à la SOPFIM de faire des inventaires de l'épidémie. Dans les forêts, les arbres meurent après cinq ans au minimum. Ça nous donne amplement le temps de réagir.»

Il ajoute que le Ministère ne protège pas les superficies où il n'y a pas de coupe forestière. «Si on fait le décompte des terrains qui répondent à nos critères, il reste environ 2100 hectares, affirme M. Lamirande. On ne peut pas mobiliser des avions pour une si petite superficie.»