Les éoliennes, potentiellement dangereuses pour les oiseaux qui risquent de heurter les pales, le sont encore plus pour les chauves-souris, qui peuvent succomber aux chutes de pression observées à proximité des turbines, selon une étude parue lundi aux États-Unis.

Cette hécatombe pourrait à terme risquer de menacer ces animaux d'extinction avec un impact notable sur l'écosystème alors que les chauves-souris se nourrissent d'insectes nuisibles aux récoltes, craignent ces experts.

Quelque 90% des corps de chauves-souris retrouvés près d'éoliennes montraient des signes d'hémorragie interne provoquée par un traumatisme résultant apparemment d'une chute soudaine de la pression de l'air appelé barotraumatisme, expliquent-ils.

Seulement la moitié des chauves-souris tuées avaient des signes d'impact direct avec des pales d'éolienne, précisent les auteurs de ces travaux publiés dans la revue Current Biology datée du 26 août.

Dans la mesure où les chauves-souris sont pourvues d'une sorte de radar «leur permettant de détecter les objets, elles peuvent éviter les collisions», explique Erin Baerwald de l'Université de Calgary et principal auteur de cette recherche.

Mais «la chute de pression atmosphérique à proximité des pales d'éolienne n'est pas détectable par les chauves-souris ce qui expliquerait le nombre important de ces animaux tués près de ces structures», poursuit-il.

Les systèmes respiratoires des chauves-souris et des oiseaux sont très différents. Chez les chauves-souris, comme chez les autres mammifères, les poumons sont comme des ballons souples dotés de parois fines reliés à des capillaires.

Quand la pression de l'air baisse soudainement, les poumons peuvent se dilater excessivement faisant éclater les capillaires, précisent ces chercheurs.

Les oiseaux ont eux des poumons plus rigides formés de tubes qui laissent passer l'air autour de capillaires. Ce système résiste mieux aux chutes de pression.

La plupart des chauves-souris tuées par les éoliennes sont des espèces migratoires.

Ces scientifiques estiment que cette hécatombe pourrait avoir de profondes conséquences sur le devenir de ces espèces.

Les chauves-souris vivent parfois plus de 30 ans et ont un taux de reproduction assez faible. Une femelle donne naissance à un ou deux petit par portée et pas toujours annuellement.

«Ces faibles taux de reproduction peuvent limiter la capacité de ces chauve-souris de compenser les lourdes pertes résultants de leur rencontre avec des éoliennes, accroissant le risque de danger d'extinction», selon Robert Barclay, de l'Université de Calgary, co-auteur de l'étude.