L'Ontario montre la voie à suivre en annonçant la protection de la moitié de sa forêt boréale encore intacte et en mettant du même coup le cinquième de son territoire à l'abri de l'exploitation, selon des groupes écologistes.

Le Québec devra suivre l'exemple ontarien, estime Marie-Ève Marchand, de la Société pour la nature et les parcs. «On félicite le premier ministre de l'Ontario, Dalton McGuinty, dit Mme Marchand. Au Québec, on est à une période charnière avec l'atteinte prochaine de 8% d'aires protégées. Le gouvernement est en train de se demander où aller dans l'avenir. On peut décider d'en rester là, ou encore de devenir nous aussi un leader.»

Plus tôt cette année, Québec a annoncé l'ajout de 18 220km2 d'aires protégées, pour porter le total à 6% de son territoire.

Mais l'annonce d'hier par le premier ministre ontarien est d'un ordre de grandeur 10 fois supérieur. En effet, 225 000 km2 seront mis à l'abri de l'exploitation minière et forestière, une superficie équivalente à celle du Royaume-Uni.

Cela porterait à près plus de 25% le total des aires protégées en Ontario, quatre fois plus que le Québec.

L'Ontario va protéger la moitié du territoire situé au nord du 51e parallèle, ce qui procurera un abri à quelque 200 espèces menacées, dont certaines, comme le caribou forestier, sont aussi en danger au Québec.

En même temps, l'Ontario annonce une réforme majeure de sa loi minière, une réforme que les écologistes estiment aussi nécessaire au Québec.

«C'est une annonce formidable, selon Chris Beck, de l'Initiative boréale canadienne. C'est à une échelle qu'on n'avait encore jamais vue au Canada. Le gouvernement du Québec devrait regarder cela de près.»

L'annonce politique de M. McGuinty n'a pas soulevé de controverse dans le milieu forestier, pour la bonne raison que des sociétés comme Domtar et Tembec, très présentes en Ontario, ont approuvé en 2003 l'objectif de protéger 50% de la forêt boréale encore intacte, dans le cadre de la Convention pour la protection de la forêt boréale.

Pour l'industrie minière ontarienne, ce sera l'occasion de mettre de côté les conflits qui ont surgi ces dernières années avec les écologistes et les communautés autochtones, explique Gillian McEachern, de l'organisation Forest Ethics, en Ontario. «Cette approche crée certainement plus de certitude pour l'industrie», dit-elle.

«Il y a du travail de fond qui se fait depuis 10 ans pour arriver à cette annonce, dit Mme Marchand. Protéger 50%, c'est un objectif scientifique crédible, qui tient compte des changements climatiques, de la crise de la biodiversité et aussi du rôle que le Canada doit jouer à l'échelle de la planète.»

Le ministère québécois du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs n'a pas voulu commenter le sujet hier.