Après une semaine de discussions à Accra, l'élaboration du futur accord multinational de lutte contre le changement climatique commence à prendre forme et cette nouvelle session a incité les participants à l'espérance.

«Après Accra, quand nous nous rencontrerons à Poznan (en décembre), nous aurons pratiquement devant nous la première version du texte de négociations» sur le futur régime de lutte contre l'effet de serre, s'est félicité le plus haut responsable du climat à l'ONU, Yvo de Boer, mercredi en clôture de la réunion.

«Les gouvernements commencent à entrer sérieusement dans la négociation qui devra aboutir à Copenhague», a-t-il ajouté.

La communauté internationale s'est donnée jusqu'en décembre 2009 à Copenhague pour définir un nouveau cadre après l'expiration de la première phase du Protocole de Kyoto en décembre 2012.

Réunis pour la troisième fois cette année, les experts préparent le prochain rendez-vous ministériel prévu à Poznan (Pologne) en décembre. «Les gens ont eu le temps de réfléchir à ce qu'ils considèrent comme les principaux ingrédients devant figurer dans l'accord de Copenhague; ils ressentent aussi un sentiment croissant d'urgence, il nous reste à peine plus d'un an pour y parvenir», a poursuivi M. de Boer, secrétaire exécutif de la Convention des Nations unies sur les changements climatiques (CNUCCC).

Ainsi, la Corée du Sud a fait savoir qu'elle annoncerait «l'année prochaine» des objectifs de réduction de ses émissions polluantes.

Les discussions sur la prise en compte des émissions polluantes dues à la déforestation et à la dégradation des forêts (20% des émissions mondiales dues à l'homme) ont été particulièrement «encourageantes».

«Il n'y a plus aucun doute» que la déforestation figurera dans le futur accord, a jugé Brice Lalonde, ambassadeur de France chargé du climat.

C'était une revendication importante des grands pays forestiers des bassins du Congo ou d'Asie notamment, rejoints par le Brésil, qui souhaitent voir leurs efforts encouragés et récompensés. Une réunion devrait d'ailleurs se tenir entre Africains et Européens en novembre à Alger pour arrêter une position commune, selon M. Lalonde.

M. de Boer a également cité des «propositions intéressantes» pour financer l'adaptation aux dérèglements climatiques des pays les plus pauvres, encourager les transferts de technologie et attirer les projets de développement «propres» en Afrique.

Celle-ci risque de devenir «le continent oublié de la lutte contre le changement climatique», avait-il craint lors de l'ouverture des travaux. Les ONG écologistes ont encore regretté des progrès trop timides, en soulignant que la convocation avant Poznan, d'une «pré-conférence» les 13 et 14 octobre à Varsovie, en était le signe.

«Avec la Norvège, la Suisse ou la Corée, nous avons identifié des pays innovants. Mais l'UE est en train de perdre le leadership et s'est empêtrée dans les discussions sur la différenciation» des efforts réclamés aux pays émergents et aux pays en développement, a regretté Damien Demailly du WWF.

Actuellement tous appartiennent à la même catégorie et sont dispensés par Kyoto d'objectifs contraignants. Or, explique Brice Lalonde - dont le pays préside actuellement l'UE - les Européens et d'autres pays industrialisés ont «fait valoir que la Chine ce n'est pas le Burkina Faso, et que l'Arabie saoudite n'est pas la Tanzanie... il fallait commencer à en parler, nous le devions à nos populations et en Europe même; le monde n'a pas été divisé une fois pour toutes», a-t-il insisté.