Payer les propriétaires de forêt pour qu'ils s'engagent à ne pas couper les arbres est une solution économiquement plus rentable pour diminuer les émissions de CO2 que la capture et le stockage, selon une étude publiée par un institut de recherche autrichien jeudi.

L'Institut international pour l'analyse de systèmes appliqués (IIASA) estime qu'une réduction de 50% de la déforestation (qui progresse au rythme annuel de 13 millions d'hectares selon les Nations unies) sur 25 ans peut permettre d'éviter l'émission de 1,5 à 2,7 milliards de tonnes de CO2 par an.

A titre de comparaison, les émissions mondiales liées à la consommation d'énergie sont estimées à 29 milliards de tonnes par an.

Côté budget, l'équipe de l'IIASA, qui a travaillé avec des chercheurs brésiliens et américains sur ce sujet, projette un budget annuel de 17 à 28 milliards de dollars, soit environ 2600 à 4300 dollars par hectare.

«Nous avons élaboré nos trois modèles avec une analyse des coûts d'opportunité. Le budget a été préparé de manière à ce que la somme reçue soit supérieure au gain que le propriétaire peut obtenir en cultivant du soja ou de la canne à sucre par exemple», explique à l'AFP Michael Obersteiner, chercheur à l'IIASA.

«Et la hausse du prix des denrées alimentaires vers 2020-2030 est prise en compte», ajoute-t-il.

L'équipe estime que ces modèles pourraient être appliqués avec succès en Amazonie, dans le bassin du Congo et en Asie du sud-est.

Les chercheurs sont maintenant en relation avec des institutions, parmi lesquelles la Banque Mondiale, pour réfléchir au mode d'application concret de ces modèles. Le rôle des États sera primordial pour proposer des mesures incitatives, établir des programmes nationaux et assurer le contrôle des propriétaires qui participeraient au programme.

«Il existe déjà des possibilités de surveillance par satellite. Il faut aussi des États où le contrôle des territoires est assuré. Cela devrait marcher au Brésil, ce sera plus difficile au Congo par exemple pour avoir la sécurité suffisante», continue M. Obersteiner.

Les chercheurs jugent leur solution plus économique que la capture et le stockage de carbone. Selon leurs calculs, la capture d'une quantité équivalente reviendrait à plus de 30 milliards de dollars.

Si le modèle proposé ne devait pas rencontrer le succès escompté, les chercheurs ont en poche une version plus modeste: une réduction de la déforestation de 10% permettrait d'éviter 300 à 600 millions de tonnes de CO2 émises par an pour un coût de allant entre 400 millions et 1,7 milliard de dollars par an.