Il est beau, il est vert, il est immense. Le Parc de la forêt olympique est le legs que les Pékinois vont continuer à chérir après les Jeux. Mais il est aussi un rappel que toute cette nouvelle verdure nécessite beaucoup d'eau, dont les réserves diminuent dans la capitale chinoise.

Du haut de la petite colline plantée au milieu du parc qui accueille ses premiers visiteurs ces jours-ci, on peut voir le stade olympique au loin, le fameux Nid d'oiseau. Les cèdres, les pins, les trembles et les fleurs commencent à prendre racine à côté des lacs artificiels, dans ce grand jardin créé pour les Jeux, dans le nord de la ville. Un parc immense de 680 hectares, soit deux fois la taille du parc Jean-Drapeau (îles Sainte-Hélène et Notre-Dame combinées).

Les arbres du parc s'ajoutent à des dizaines de milliers d'autres plantés à Pékin depuis l'obtention des Jeux olympiques par la ville en 2001. Cet été, la ville aura même 40 millions de fleurs, soit quatre fois plus que d'habitude. Les abords des autoroutes sont déjà fleuris, les hôtels le seront aussi.

«Les projets de verdissement nécessitent beaucoup d'eau, reconnaît toutefois en conférence de presse le sous-directeur de la Société des eaux de Pékin, Bi Xiaogang. Ces dernières années, on n'a pas arrêté de discuter de quelle façon régler ce problème.»

La solution de Pékin: d'abord, choisir des arbres qui peuvent survivre au temps sec. Ensuite, recycler davantage d'eau, en la traitant plus qu'avant. «On va continuer dans cette direction, d'utiliser l'eau recyclée», ajoute M. Bi, à une question de La Presse, sans vouloir préciser quel impact précis tous ces arbres auront sur la nappe phréatique de la ville.

De l'eau des autres provinces

Dans un rapport publié la semaine dernière, le groupe canadien Probe International a sonné l'alarme sur la situation de l'eau dans la capitale chinoise: les réserves souterraines diminuent et ses deux réservoirs d'eau contiennent moins de 10% de leur capacité initiale.

En fait, depuis 1949, notent les auteurs du rapport, les réserves d'eau disponibles par habitant sont passées de quelque 1000 m2 à moins de 230 à m2 en 2007, ce qui en fait une des grandes villes les plus «sèches» de la planète. Et comme la capitale tient à son approvisionnement en eau, des fermiers des régions autour en paient déjà la note, eux qui ont dû changer leur type de cultures pour réduire leurs besoins en eau.

M. Bi reconnaît que le niveau de la nappe phréatique a baissé ces dernières années et en attribue la responsabilité aux faibles précipitations qu'a connues Pékin depuis neuf ans. Depuis le début de 2008, elles sont toutefois plus importantes que la moyenne, juin ayant été particulièrement pluvieux. «Si la pluie continue, nous allons faire remonter le niveau de la nappe... J'espère que nous serons bénis par plus de pluie.»

Et si cette bénédiction ne vient pas du ciel, elle pourra venir de la province voisine, Hebei. Un canal de diversion est déjà en place pour permettre d'acheminer l'eau dans la capitale si celle-ci venait à manquer.

À quel moment? M. Bi se contente de dire que ce ne sera pas avant les Jeux olympiques.

Pékin a également un autre projet dans sa manche, soit acheminer de l'eau du fleuve Yangtsé dans des canaux jusqu'à la capitale. Le projet est prévu pour 2010.

Pour l'ONG Probe International, dont le rapport est basé sur le travail d'experts chinois anonymes, la solution passe par une meilleure utilisation de l'eau, et non par ces travaux. «C'est comme vouloir étancher la soif en buvant du poison», écrivent les auteurs.