La richesse de la vie animale et végétale dans l'outre-mer européen est menacée par le changement climatique, mettent en garde les experts qui appellent l'Union européenne à réagir.

De très nombreuses espèces sont déjà touchées, révèle un rapport de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et l'Observatoire national des effets du réchauffement climatique (ONERC), présenté lundi lors de l'ouverture d'une conférence internationale qui se tient jusqu'au 11 juillet dans l'île française de l'Océan Indien La Réunion.

Parmi ces victimes, figurent les ours polaires, menacés par la fonte de la banquise, les coraux, frappés par «la mort blanche» sous l'effet du réchauffement de la mer, les mangroves, rongées par l'élevation du niveau des océans.

«Il faut accorder à la perte de biodiversité la même attention qu'au changement climatique», a déclaré le ministre français de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo, représentant la présidence française de l'Union européenne (UE).

L'outre-mer européen comprend 28 entités éparpillées entre les tropiques (Guadeloupe, Martinique, Antilles néerlandaises) et les régions polaires (Groenland, Danemark), en passant par les Açores (Portugal), les Malouines (Royaume-Uni) ou la forêt amazonienne (Guyane française).

«Les chiffres d'extermination des espèces atteignent des records dans les îles», selon Jérôme Petit, chargé de recherches à l'UICN.

La prolifération d'espèces invasives due à la mondialisation en est la cause. Et dans ces espaces isolés géographiquement, les espèces terrestres ne peuvent espérer trouver leur salut en migrant vers le nord comme sur le continent.

L'avenir des petites îles exposées aux cyclones, qui devraient se multiplier avec le dérèglement climatique, et à l'élevation du niveau de la mer, est sombre.

Le réchauffement de l'atmosphère «menace d'extinction davantage d'espèces dans les collectivités d'outre-mer que dans l'ensemble du continent européen, selon l'UICN.

Pourtant, aucun programme européen n'a encore été engagé sur l'impact du changement climatique outre-mer alors que des analyses approfondies ont été effectués sur l'impact en Europe continentale, fait remarquer Yves de Soye, chargé de mission à l'UICN Europe.

«La voix de l'outre-mer européen n'est pas assez forte dans les débats internationaux et dans les négociations relatives à la biodiversité et au changement climatique», déplore le rapport de l'UICN et de l'ONERC.

Pourtant, ces régions pourraient servir de modèle pour le reste de l'Europe et devenir de «véritables laboratoires d'idées» pour expérimenter des stratégies d'adaptation au changement, estiment les experts de l'UICN.

Cette conférence réunit pour la première fois les représentants des 7 Régions ultrapériphériques de l'UE (RUP - Açores, Canaries, Guadeloupe, Guyane française, Madère, Martinique, La Réunion) et des 21 pays et territoires d'outre-mer (PTOM) dont les Antilles néerlandaises, le Groenland, les Bermudes ou les Malouines.