Le premier ministre français, François Fillon, estime que le Canada doit faire davantage pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre et respecter le protocole de Kyoto.

À la veille de l'ouverture du Sommet des pays du G8 au Japon, M. Fillon a désigné les changements climatiques comme le premier défi auquel feront face les pays industrialisés. Il a rappelé que seuls les efforts conjugués de tous les gouvernements permettront de s'y attaquer efficacement.

«Il me paraît indispensable que les pays industrialisés soient exemplaires dans le respect de leurs engagements. C'est une condition sine qua non pour être en mesure de convaincre les pays émergents d'adhérer aux négociations. Je sais que le Canada a ses contraintes spécifiques. Mais nos efforts conjoints conditionnent l'avancée de tous», a déclaré François Fillon dans une allocution prononcée hier à Montréal, devant la chambre de commerce française au Canada.

Le Canada a souvent été critiqué par les observateurs et les groupes environnementalistes parce qu'il ne fait pas assez d'effort pour atteindre les cibles fixées par le protocole de Kyoto. En vertu du traité, le Canada a jusqu'en 2012 pour ramener ses émissions à 6% sous le taux historique de 1990. Selon les données d'Environnement Canada, toutefois, en 2006, le pays dépassait toujours cette cible de 29%.

Or, la France, qui vient de prendre les rênes de l'Union européenne, pense déjà à l'après-Kyoto et entend créer un accord européen «ambitieux» d'ici la fin de l'année afin de réduire de 20% les émissions de CO2 en 2020 par rapport à 1990. La France souhaite notamment l'adoption de mécanismes d'ajustement économique à la frontière qui permettraient de faire des pressions commerciales sur les pays qui ne s'engagent pas «dans cet effort absolument indispensable pour la planète».

«Mais cet accord européen que nous recherchons n'a de sens que s'il est accompagné d'un accord mondial ambitieux et crédible sur le climat. L'Europe seule ne peut lutter contre les changements climatiques. (...) Les États-Unis, l'Europe, le Canada, les pays émergents, nous ne pouvons réussir qu'ensemble», a affirmé M. Fillon.

Plus près du Québec

Le premier ministre français s'est aussi préoccupé des conséquences de l'exploitation des sables bitumineux dans les provinces de l'Ouest, poussée par la crise énergétique: «Le Canada dispose de la deuxième réserve de pétrole au monde avec les sables bitumineux. Mais comment procéder à l'extraction du pétrole des sables bitumineux sans augmenter les émissions de CO2?»

La France, qui possède le deuxième parc de centrales nucléaires au monde, a suggéré que le Canada se tourne désormais vers le nucléaire, moins polluant que le gaz naturel, pour extraire le pétrole des sables bitumineux en Alberta. «Il n'y a aucun espoir d'aboutir à des effets efficaces sans passer par cette étape nucléaire», a dit M. Fillon.

À l'inverse, François Fillon s'est fait plus élogieux du gouvernement de Jean Charest sur les questions environnementales. Il a présenté le Québec comme un «allié extrêmement précieux pour convaincre l'Amérique du Nord tout entière de s'engager dans cette voie (la lutte contre le réchauffement climatique)», saluant l'expertise du Québec dans la production d'énergie hydroélectrique et éolienne. Les premiers ministres du Québec et de la France ont annoncé la mise en place d'un groupe de travail franco-québécois sur l'environnement.