Assise seule au pied de l'arbre où Fredy Villanueva est mort, sa mère, Lillian Villanueva, pleurait à chaudes larmes, dimanche après-midi. Au troisième anniversaire de l'intervention policière ayant tourné au drame, elle craint plus que jamais d'avoir bientôt à faire le deuil de son autre fils, Dany Villanueva, menacé d'extradition du Canada.

«C'est un double drame pour moi parce qu'ils vont m'enlever le dernier fils qu'il me reste. C'est la même police qui a assassiné mon fils qui veut m'enlever l'autre», a-t-elle dénoncé, en sanglots.

Un peu plus de 130 personnes se sont réunies dimanche après-midi au parc Henri-Bourassa, où Fredy Villanueva est mort en 2008, pour demander justice tant pour le jeune homme tué que pour son frère. La famille originaire du Honduras entend d'ailleurs contester la décision rendue cette semaine par la Section d'appel de la Commission de l'immigration et du statut de réfugié qui a refusé de renverser son extradition, a confirmé son avocat, Stéphane Handfield. Celui-ci entend déposer dès cette semaine une demande de contrôle judiciaire en Cour fédérale.

La démarche devrait retarder d'au moins 5 à 7 mois l'extradition du jeune homme de 24 ans, le temps qu'un juge décide s'il autorisera ou non la contestation. Me Handfield assure qu'«il ne s'agit pas de gagner du temps, il s'agit de faire respecter ses droits». Celui-ci estime que la décision de la section d'appel de la Commission contient plusieurs erreurs de droit. «J'ai vu dans ma pratique des individus qui avaient des délits pas mal plus nombreux et sérieux que ceux-là et ils ont tous obtenu un sursis de deux à cinq ans comme on demandait.»

Pour éviter l'expulsion, Dany Villanueva pourra également présenter une demande d'examen des risques avant renvoi, qui permet à une personne craignant d'être persécutée d'obtenir le statut de «personne protégée».

La voix étranglée par l'émotion, une soeur de Dany Villanueva a plaidé sa cause lors du rassemblement de dimanche. «Il y a un vide dans la famille. Tous les dimanches, on se réunit chez ma mère et Fredy a laissé un vide. Et là, il y a Dany qui est quasiment dans la porte. Ça nous fait mal», s'est désolé Wendy Villanueva, avant de fondre en larmes.

Rapport toujours attendu

Trois ans après la mort de Fredy Villanueva, sa famille et leurs partisans s'indignent de toujours attendre les conclusions du rapport du coroner chargé d'enquêter. «On n'a toujours pas obtenu la vérité», déplore Alexandre Popovic, porte-parole de la Coalition contre la répression et l'abus policiers.

Ce dernier ne s'est pas inquiété de voir moins de gens que par le passé venir manifester leur soutien à la famille Villanueva. «Que ce soit quelques dizaines ou quelques centaines, le soutien est toujours là», estime Popovic.

Afin de s'assurer que son fils ne tombe pas dans l'oubli, sa mère entend demander à ce que le parc Henri-Bourassa soit rebaptisé en son nom, parc Fredy Villanueva.