Dany Villanueva a candidement avoué avoir consommé de la marijuana pas plus tard que la semaine dernière, alors que cela lui est interdit par le tribunal. Drogue qu'il se paie grâce à son chèque d'aide sociale, a-t-il ajouté.

Contre-interrogé par la représentante du ministre fédéral de la Sécurité publique, le jeune homme de 24 ans a admis, hier, plusieurs manquements à des conditions imposées par la cour dans ses différents dossiers depuis son arrestation pour vol qualifié en 2006. Des incidents pour lesquels il n'a pas nécessairement été condamné ou accusé.

Dany Villanueva se bat pour éviter l'expulsion vers son pays d'origine, le Honduras, devant la Section d'appel de l'immigration. Son expulsion pour des motifs de «grande criminalité» a été ordonnée en avril 2010.

Non-respect de son couvre-feu, consommation d'alcool et de drogues, fréquentation de membres de gangs de rue et de gens ayant un casier judiciaire. La représentante du ministre fédéral de la Sécurité publique, Me Chantal Boucher, a passé la journée à interroger M. Villanueva sur des manquements à ses conditions de liberté provisoire ou encore à ses conditions de probation.

Et pour cause: si la commissaire à l'immigration ordonne un sursis à l'ordre d'expulsion, elle devra lui imposer des conditions à respecter.

La représentante du ministre a énuméré plus d'une douzaine d'incidents répertoriés dans le profil criminel de Dany Villanueva qui a récemment été préparé par un expert en gangs de rue du Service de police de la Ville de Montréal. Le jeune homme est en attente de jugement dans deux de ces causes, l'une de vol qualifié et l'autre de conduite avec les facultés affaiblies.

Armes à feu et drogue

En mars 2006, les policiers du quartier Saint-Michel étaient aux aguets après qu'une tentative de meurtre eut été commise contre un membre des Crips (gang ennemi des Bloods). Deux jours après ce crime, M. Villanueva s'est fait arrêter dans Saint-Michel, au volant de sa voiture, en compagnie de quatre autres jeunes. Ils étaient tous vêtus de rouge, la couleur des Bloods. Deux armes à feu, des barres de fer et de la drogue ont été trouvées dans sa voiture. «Je ne fouille pas le monde dans mon auto avant qu'ils entrent (...) Les armes n'étaient pas chargées», s'est défendu le jeune homme devant la commissaire Marie-Claude Paquette. Le groupe allait seulement rendre visite à une amie, a-t-il poursuivi.

Toujours membre d'un gang de rue?

Dany Villanueva est resté vague, lorsqu'il a été questionné sur son adhésion au gang des Blood Mafia Family. «On était des amis d'école. On a commencé à traîner dans le quartier. Les Rouges sont (présents) à Montréal-Nord. Nous on venait de Montréal-Nord, c'est comme ça.» La police de Montréal croit qu'il est toujours membre du gang. Pour sa part, le jeune homme affirme en être sorti après avoir purgé une peine de 11 mois de prison en 2006-2007.

Deux vidéos du groupe de rap Mobsters, tournées en 2008 et en 2009, dans lesquelles on voit M. Villanueva faire des signes de gangs de rue avec ses mains, ont été présentées en preuve par le ministère fédéral de la Sécurité publique. Des membres des Blood Mafia Family y rendent hommage au frère de Dany, Fredy, abattu par un policier dans un parc de Montréal-Nord en août 2008. «Ce n'est pas parce que certains sont dans les gangs que tout le monde est dedans», s'est à nouveau défendu M. Villanueva.

La veille, le jeune homme a dit craindre d'être assassiné par des gangs de rue, s'il était expulsé vers le Honduras. Des membres des MS 13 et des 18, les deux gangs les plus puissants de l'Amérique latine, lui ont fait des menaces de mort, a-t-il soutenu. Sa grand-mère, qui vit toujours là-bas, a aussi reçu des menaces. Or, il n'a pas cru bon conserver ces messages qui lui auraient été envoyés sur Facebook. «Je n'y ai pas pensé», a-t-il dit. Il est aussi demeuré vague sur les menaces que sa grand-mère aurait reçues au Honduras, indiquant que sa mère détenait plus de détails à ce sujet. L'audience se poursuit aujourd'hui avec les témoignages de ses parents et de l'une des soeurs.