Un ex-policier qui a témoigné à titre d'expert en emploi de la force pour le clan Villanueva à l'enquête du coroner André Perreault a porté plainte à la police de Gatineau après avoir reçu des menaces par la poste, a appris La Presse.

François VanHoutte a reçu l'enveloppe chez lui, à Gatineau, entre Noël et le jour de l'An. À l'intérieur, il a trouvé une carte musicale dans laquelle on peut lire: «Maudit vendu crisse de menteur, tu va payé pour crosser tes confrères (sic)». Soulignons qu'il s'était montré critique envers le travail du policier Jean-Loup Lapointe lorsqu'il a témoigné à l'enquête sur la mort de Fredy Villanueva, abattu à Montréal-Nord le 9 août 2008.

La fille de M. VanHoutte, qui a ouvert l'enveloppe, a d'abord pensé que la carte de Noël était munie d'un mécanisme de détonation. «La carte avait été défaite pour que je puisse voir les fils du dispositif musical, a dit M. VanHoutte, retraité de la Gendarmerie royale du Canada. Selon moi, ç'a été fait intentionnellement pour renforcer le message.»

Le nom de l'expéditeur, sur l'enveloppe, est «Fraternité des policiers de Montréal», mais le logo du syndicat n'y figure pas. La Fraternité nie catégoriquement toute implication dans l'affaire. «Sans présumer de qui elle provient, je peux vous assurer que ce n'est pas de nous, une évidence telle que le seul fait de répondre à la question m'apparaît absurde», a dit le directeur des communications du syndicat, Martin Desrochers. Il a qualifié de «tactique ridicule» le fait de se servir du nom du syndicat pour formuler des menaces.

Un expert critique

François VanHoutte est persuadé que les menaces sont liées à son témoignage de l'automne dernier devant le coroner Perreault.

Embauché par le clan Villanueva, cet ancien tireur d'élite avait soutenu que l'agent Lapointe avait «préféré être téméraire plutôt que prudent» lors de l'intervention fatale. Il avait contredit la théorie d'un autre expert en emploi de la force, Bruno Poulin, selon qui l'agent Lapointe «pourrait ne pas avoir été en mesure d'arrêter les tirs». Les avocats de la Ville de Montréal et de la Fraternité avaient tenté de miner la crédibilité de François VanHoutte en relevant des inexactitudes dans son CV.

M. VanHoutte ne croit pas que la Fraternité des policiers de Montréal soit liée à l'affaire. Par contre, les menaces pourraient selon lui provenir du milieu policier. «Ce ne serait pas la première fois qu'un policier qui en dénonce un autre se fait rabrouer», a souligné M. VanHoutte, qui a été policier pendant 25 ans.

François VanHoutte a perçu ces menaces comme une «tactique d'intimidation». Il rappelle qu'il pourrait être appelé à retourner témoigner devant le coroner Perreault sur la question des dispositifs de sécurité des armes à feu.

«En cour, j'ai défendu le travail des policiers dans quatre causes, a-t-il dit. Lorsque les policiers ont bien agi, ils peuvent compter sur moi. Mais lorsqu'ils dépassent les normes, je le dis aussi.»

Le Service de police de Gatineau poursuit son enquête, a confirmé la porte-parole, Isabelle Poirier. Aucune arrestation n'a été faite à ce jour.