Les avocats du clan Villanueva vont demander à un juge de la Cour du Québec de déterminer s'il y a matière à porter des accusations criminelles contre le policier Jean-Loup Lapointe, contrairement à ce que la Couronne avait décidé.

Me Alain Arsenault, avocat de Jeffrey Sagor Metellus, en a fait l'annonce mardi lors de l'enquête sur la mort de Fredy Villanueva, abattu par l'agent Lapointe à Montréal-Nord le 9 août 2008. Deux autres jeunes, Jeffrey Sagor Metellus et Denis Méas, avaient été blessés.

Au cours des prochaines semaines, les avocats des deux blessés et de la famille Villanueva déposeront une plainte privée à la Cour du Québec. En vertu de cette procédure, qui date des débuts du droit britannique, un citoyen peut se substituer à l'État et dénoncer lui-même ce qu'il croit être un crime.

Si la demande lui apparaît fondée, le juge coordonnateur ou son adjoint pourra demander à un juge de faire une «péenquête» à huis clos en entendant différents témoins. Le juge décidera alors s'il y a assez de preuve pour porter des accusations criminelles.

«On aurait aimé avoir votre rapport (avant d'enclencher la procédure), a dit Me Arsenault au coroner André Perreault. Ne tenez pas pour acquis qu'on veut vous manquer de respect et qu'on pense que votre opinion n'a pas d'importance, mais on est conscient des délais.»

Alain Arsenault a rappelé que la publication du rapport du coroner pourrait être retardée de plusieurs mois, car la Ville de Montréal a choisi de s'adresser à la Cour supérieure pour faire casser une décision du coroner. Le 27 octobre, ce dernier a autorisé la tenue d'un débat sur les mécanismes de sécurité de l'étui de l'arme à feu des policiers de Montréal. Même si ce débat était frappé d'un interdit de publication, la Ville s'y est opposée.

L'avocat de Dany Villanueva, Gunar Dubé, déposera lui aussi une plainte privée au nom de Fredy. «On a donné l'immunité à Jean-Loup Lapointe avant même de commencer l'enquête et c'est inacceptable», a-t-il dit à sa sortie de la salle d'audience.

Me Dubé a remis en doute l'impartialité des procureurs de la Couronne dans le dossier. Le juge aura «assurément» un meilleur jugement, a-t-il dit. «C'est une question de fait et les faits sont là.»

En décembre 2008, le ministre de la Sécurité publique de l'époque, Jacques Dupuis, a annoncé qu'aucune accusation ne serait déposée contre Jean-Loup Lapointe après que la Couronne eut conclu qu'il n'avait commis aucune infraction criminelle.