Le policier Jean-Loup Lapointe a «bien travaillé» le 9 août 2008 et la mort de Fredy Villanueva est due au comportement agressif des jeunes, selon la Ville de Montréal. De son côté, le clan Villanueva estime que les «erreurs», les «préjugés» et l'«animosité» de l'agent Lapointe sont responsables du drame.

C'est ce que les deux parties ont fait valoir, lundi, lors des plaidoiries de l'enquête du coroner sur la mort de Fredy Villanueva, abattu par Jean-Loup Lapointe le 9 août 2008 dans un stationnement de Montréal-Nord.

Me Alain Arsenault, qui représente deux jeunes présents lors de l'intervention (Jeffrey Sagor Metellus et Jonathan Senatus), a fortement critiqué les agissements de Jean-Loup Lapointe du début à la fin de l'opération.

L'agent Lapointe et sa collègue Stéphanie Pilotte étaient venus remettre un constat d'infraction aux jeunes parce qu'ils jouaient aux dés, ce qui constitue une infraction aux règlements municipaux.

Me Arsenault a blâmé le fait que Jean-Loup Lapointe ait tenté d'immobiliser Dany Villanueva sur le capot de sa voiture au lieu de «lui parler». Il s'est également questionné sur les raisons qui l'ont poussé à tirer quatre balles, dont l'une a atteint Jeffrey Sagor Metellus au dos. «Qu'est-ce qui justifie de tirer une balle dans le dos de quelqu'un qui fuit les lieux?»

«Si (Jean-Loup Lapointe) avait eu du respect cette journée-là, peut-être que Fredy Villanueva serait toujours vivant aujourd'hui», a-t-il conclu.

L'avocat de la Ville, Me Pierre-Yves Boisvert, a plaidé que l'opération était «tout à fait justifiée». «Il nous semble de façon assez claire et nette que l'arrestation était légale», a-t-il dit.

Selon Me Boisvert, les jeunes ont eu tort d'entraver au travail des policiers. «Ce n'est pas l'infraction (le jeu de dés) qui explique l'usage de la force, mais le comportement de Dany Villanueva d'abord, et ensuite de Fredy Villanueva et ses amis», a-t-il dit.

En matinée, le Mouvement solidarité Montréal-Nord a défendu une position plutôt nuancée. Le représentant du groupe, François Bérard, a soutenu que la vérité se trouvait quelque part entre la version des policiers et celle des jeunes.

«Les jeunes ont eu un comportement des plus hasardeux s'ils ont manifesté le moindre geste pour se porter physiquement à la défense de Dany Villanueva», a dit M. Bérard, dont le groupe représente des organismes communautaires et des institutions. Du même souffle, il a soutenu que Jean-Loup Lapointe «a fait preuve d'impulsivité et de témérité dans ses actes».

François Bérard a souligné l'importance de tenir compte du contexte social dans le nord-est de Montréal pour comprendre la réaction des jeunes. Selon lui, les abus de l'escouade anti-gang Eclipse étaient en partie responsables de ce contexte de «tensions» et de «confrontations».

Les conclusions d'Alexandre Popovic, porte-parole de la Coalition contre la répression et les abus policiers (CRAP), étaient beaucoup plus catégoriques. «Le fautif, c'est Jean-Loup Lapointe», a-t-il résumé.

«On recommande que vous proposiez au Service de police de la Ville de Montréal de destituer l'agent Jean-Loup Lapointe, a dit Alexandre Popovic au coroner André Perreault. Si la police est là pour protéger la société, l'agent Jean-Loup Lapointe n'a pas sa place dans la police.»

Les plaidoiries reprennent mardi au palais de justice de Montréal.

Pour consulter les mémoires des parties remis au coroner:

- Mémoire de la Ville de Montréal

- Recommandations de la Ville de Montréal

- Mémoire du clan Villanueva

- Mémoire d'Anthony Clavasquin

- Mémoire du Mouvement solidarité Montréal-Nord

- Mémoire de la Coalition contre la répression et les abus policiers