L'agente Stéphanie Pilotte, dont le témoignage approche à grands pas dans l'enquête du coroner sur la mort du jeune Fredy Villanueva, a pleuré après l'incident du 9 août 2008, a-t-on relaté cette semaine au palais de justice de Montréal.

L'enquêteur en scène d'incident de la Sûreté du Québec (SQ) Sylvain Landry a notamment indiqué jeudi matin qu'elle avait «les yeux gonflés», qu'elle «semblait avoir pleuré» et qu'elle «semblait fatiguée» quand il s'est rendu avec un collègue au poste de quartier 39 du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), dans la nuit qui a suivi le drame. Il allait prendre possession des effets personnels de la jeune policière et de son équipier Jean-Loup Lapointe.

Ce dernier est apparu bien moins ébranlé au sergent-détective Landry.

Le technicien en scène d'incident Robert Fortin, qui l'accompagnait, devait pour sa part photographier les deux agents, leurs vêtements et leurs armes.

Stéphanie Pilotte était «en pleurs» et «sous le choc», précisaient aussi, dans des extraits présentés mardi, les notes du sergent-superviseur René Bellemare, du SPVM, le premier arrivé en renfort après que l'agent Lapointe eut tiré quatre balles en direction de six jeunes civils.

Mme Pilotte pourrait entamer dès vendredi après-midi son témoignage devant le coroner André Perreault. Mais il est aussi possible qu'elle ne le fasse que le 8 décembre, la prochaine journée d'audience.

Aucune audience n'est en effet prévue de tout le mois de novembre.

Le coroner Perreault avait confirmé mercredi que Stéphanie Pilotte et Jean-Loup Lapointe auraient à se soumettre à l'exercice avant les six jeunes impliqués, contrairement à ce qui avait été annoncé initialement.

Le coroner ad hoc a par ailleurs lancé un avertissement à tous les avocats, jeudi, voyant que certains d'entre eux avaient tendance à aller à la pêche avec les témoins.

Il faut dire que même si on n'a jusqu'à maintenant questionné que des témoins techniques, ce fut parfois laborieux.

«Je m'attends à ce que tout le monde soit capable de cibler ce qui peut être utile à mes travaux», a déclaré André Perreault.

Il a demandé aux procureurs de ne pas tenter d'explorer toutes les pistes possibles et imaginables, et de plutôt se concentrer sur celles pour lesquelles ils ont de bonnes raisons de croire qu'elles peuvent mener à des révélations d'importance.

Me René Saint-Léger, qui représente Denis Meas (blessé d'une balle à l'épaule dans l'incident), s'employait alors à faire ressortir d'éventuelles lacunes dans le travail de Robert Fortin. Le coroner Perreault a cependant assuré qu'il s'adressait à tous et pas qu'à lui.

Me Saint-Léger s'était entre autres intéressé au fait que M. Fortin n'avait pas avisé ses supérieurs de ce qu'aucun des agents n'avait de blessure apparente au cou, après les avoir photographiés, alors que les informations qui circulaient à ce moment voulaient que l'un d'eux ait été étranglé.

«Mon travail, ce n'est pas de corroborer les informations initiales, a-t-il fait valoir. Ca ne relève pas de mes fonctions.»

L'avocat de Jeffrey Sagor Metellus (blessé d'une balle au dos), Alain Arsenault, a défendu l'approche de Me Saint-Léger en disant avoir l'impression que la SQ avait fait preuve d'une «forme d'aveuglement volontaire» tout au long de son enquête.