Armel Le Cléac'h ne l'a vraiment pas facile pour terminer avec tous ses morceaux son premier Vendée Globe. Le marin, qui est dorénavant à moins de 500 milles de la ligne d'arrivée, a vu Neptune lui rappeler que sur l'eau, c'est Lui le patron!

Si le Pacifique sud est reconnu pour offrir les plus grosses mers de la planète, l'Atlantique nord n'a rien à lui envier alors qu'il a offert au barreur de Brit Air des conditions épouvantables qui auront forcé le marin à revêtir sa combinaison de survie au plus fort du coup de vent. Le Cléac'h est actuellement au nord-est du cap Finistère et la navigation difficile se poursuit, même si le pire est passé. Juste au timbre de la voix de Le Cléac'h, il est assez clair que l'expérience des 24 dernières heures a été carrément horrible. Il explique :

« Ce sont les pires conditions que j'ai eues depuis le début de ce Vendée Globe : une nuit totalement chaotique. À un moment, je filais à 20 noeuds (37 km/h) avec 3 ris (voilure très réduite), dans un vent à 60 noeuds en rafales avec de gros grains et des éclairs. Une nuit dantesque. J'ai croisé des cargos qui n'en menaient pas large non plus.

« Au niveau de la puissance de la mer et du vent, c'était aussi violent que ce nous avons vu près de la Nouvelle-Zélande. J'étais en attente, en combinaison de survie. Je surveillais tant bien que mal les nuages, mais avec pas beaucoup de lune, ce n'était pas simple. J'ai fait des petites siestes d'un quart d'heure par-ci par-là. On est toujours dans des conditions un peu rudes au large du cap Finistère, avec encore pas mal de vent et pas mal de mer.

« Ça continue à taper, ce n'est pas très agréable, mais on avance et c'est le principal. Je préfère ne pas prendre de risques puisque je ne peux pas mettre trop de toile, car la mer est dans tous les sens avec une grosse houle trois-quarts arrière. J'avoue que je n'ai plus de girouette depuis quasiment un mois, mais comme ça, au "feeling", il y a trente ou trente-cinq noeuds. Il va y avoir du vent jusqu'au bout, même si ça devrait se calmer demain dans l'après-midi.

« C'est stressant parce que là, je suis à moins de 500 milles du but et les conditions ne sont agréables ni pour le bateau, ni pour le skipper. Je suis concentré sur le moindre bruit suspect et puis, il va y avoir beaucoup de cargos. Ça va encore être une nuit où on ne va pas beaucoup dormir! Pas de quoi dire, ça se mérite d'arriver aux Sables d'Olonne ! »

À 1350 milles derrière Le Cléac'h, Samantha Davies (Roxy) et Marc Guillemot (Safran) persistent dans la joute qui les oppose à l'anticyclone des Açores. Si hier Davies n'était pas peu fière de son option nord-est, elle en doutait un peu plus aujourd'hui :

«Devant moi, il y a une zone de vents faibles qui va être difficile à négocier. Les fichiers n'ont pas changé, mais je ne suis plus certaine d'avoir choisi la bonne option. Le tout pourrait devenir éventuellement une leçon difficile pour moi, car je risque de perdre des milles face à Marco. Je suis moins confiante maintenant, mais je ne peux plus revenir sur ce choix. Actuellement, j'ai 20-25 noeuds de vent. Il fait bien humide sur le pont, même si la mer n'est pas si méchante qu'hier. »

De son côté, Guillemot conserve un très bon moral et se disait très heureux de son choix de route. Quoique plus longue en terme de distance, il croit être capable de devancer l'Anglaise d'ici la ligne d'arrivée.

« Ça va très bien à bord de Safran. Je suis où je le voulais et je vais avoir du bon vent pour contourner l'anticyclone. En fait, dès demain je devrais être en position pour prendre une route directe vers l'arrivée. Si les routages que j'ai simulés sont corrects, je serais aux Sables d'Olonne le 10 au soir ou le 11 au matin. J'ai des conditions devant moi qui me permettront d'aller vite. Par rapport à Sam, j'ai simulé des routages en rapport à sa position et à chaque fois, j'arrive devant Roxy... bref, si ça se passe comme la théorie, ça marchera. Je suis virtuellement devant grâce à la réparation du Jury pour mon assistance à Yann Eliès (il a reçu 82 heures à retrancher de son parcours) mais je veux absolument passer devant Roxy, question de fierté de marin. »

En ce moment positionné avant-dernier au classement, Raphaël Dinelli (Océan Vital) a tenté hier un mouillage afin de réparer sa drisse de grand-voile, mais l'opération a dû être annulée. C'est aux Malouines, plus précisément dans la baie de Port Stanley que l'ancre du bateau de Dinelli ne s'est pas accrochée au fond de la baie et que son bateau s'est mis à dangereusement dériver vers la côte. Alors en ascension dans son mât, le marin a dû carrément couper son mouillage. Dès lors, il a repris sa route très déçu et en se croisant les doigts que le tout tienne encore jusqu'à une prochaine opportunité.

En terminant, Norbert Sedlacek (Nauticsport), dernier au classement, est passé au cap Horn hier. Tous les navigateurs encore en course sont désormais dans l'Atlantique.

Les positions à 11:00hrs TU + retard sur le 1er toujours en course (milles nautiques)

Suivez la position des skippers

1- Michel Desjoyeaux-FRA (Foncia), Vainqueur en 84 jours 3 heures 9 minutes 08 secondes

2- Armel Le Cléac'h-FRA (Brit Air), (11 heures seront à retrancher de son parcours)

3- Samantha Davies-GB (Roxy), 1390 (32 heures seront à retrancher de son parcours)

4- Marc Guillemot-FRA (Safran), 1616 (82 heures seront à retrancher de son parcours)

5- Brian Thompson-GB (Team Pindar), 1770

6- Dee Caffari-GB (Aviva), 1950

7- Arnaud Boissières-FR (Akena Verandas), 2470

8- Steve White-GB (Toe in Water), 3318

9- Rich Wilson-USA (Great American), 4733

10- Raphaël Dinelli-FRA (Océan Vital), 5939

11- Norbert Sedlacek-AUT (Nauticsport), 6386

12- Roland Jourdain-FRA (Veolia Environnement), Abandon, perte de quille

13- Vincent Riou-FRA (PRB), Idem, Démâtage, (Classé 3e par le Jury International)

14- Jean Le Cam-FRA (VM Matériaux), idem, chavirage au sud du Cap Horn

15- Jonny Malbon-GB (Artemis), idem, Problème de grand-voile

16- Jean-Pierre Dick-FRA (Paprec-Virbac), idem, safran bâbord arraché

17- Sébastien Josse -FRA (BT), idem, Safran cassé

18- Derek Hatfield-CAN (Spirit of Canada), Idem, Barre de flèche cassée

19- Yann Eliès-FRA (Generali), Idem, Fracture à la jambe

20-Jean-Baptiste Dejeantly-FRA (Maisonneuve), idem, multiples problèmes d'usure

21- Mike Golding-GB (Ecover), idem, Dématâge

22- Bernard Stamm-SUI (Cheminée Poujoulat), idem, Échouage

23- Dominique Wavre-SUI (Temenos), idem Ennuis de quille

24- Loïc Peyron-FRA (Gitana Eighty), idem, Démâtage

25- Una Basurko-ESP (Pakea Bizkaia), idem, Bris au puits de safran tribord

26- Jérémie Beyou-FRA (Delta Dore), idem, Barres de flèches cassées

27- Alex Thompson-GB (Hugo Boss), idem, Dommages structurels

28- Kito de Pavent-FRA (Groupe Bel), idem, Démâtage

29- Marc Thiercelin-FRA (DCNS), idem, Démâtage

30- Yannick Bestaven-FRA (Aquarelle.com), idem, Démâtage