Quand les étoiles ne sont pas alignées, parfois il faut se résigner. Parlez-en à Roland Jourdain (Veolia). Accusant hier un retard de 544 milles, le skipper est ce matin relégué à plus de 730 milles de Michel Desjoyeaux.

Vraiment, le dernier tiers de la course n'aura pas été de tout repos pour Jourdain. Après être entré en collision avec une baleine tout juste après le cap Horn et un passage du Pot au noir deux fois plus grand et long que celui effectué par Desjoyeaux (Foncia), voilà maintenant le skipper de Veolia aux prises avec les affres du dernier obstacle de la remontée de l'Atlantique : l'anticyclone des Açores.Ce matin, alors que Desjoyeaux filait pratiquement en ligne directe vers le golfe de Gascogne à plus de 14 noeuds de moyenne, Jourdain était à l'arrêt, à six noeuds de moyenne, totalement englué dans les calmes de l'anticyclone. La course à la voile est malheureusement ainsi faite; le premier qui bénéficie des premiers choix météo et le deuxième qui tente de s'accrocher et se retrouve Gros-Jean comme devant lorsque Miss Météo change son programme...

Du coup, c'est Armel Le Cléac'h (Brit Air) qui risque de gagner le gros lot. Il n'est plus maintenant qu'à un peu plus de 300 milles de Jourdain et plus rien n'assure Bilou (Jourdain) de sa deuxième position. En effet, alors que l'anticyclone bloque Jourdain, Le Cléac'h bénéficiera quant à lui d'une ouverture offerte par celui-ci qui lui permettront de reprendre encore pas mal de milles. Assisterons-nous à une finale du genre photo-finish pour la deuxième position? Avec onze heures en banque à la suite de l'assistance portée à Jean Le Cam (VM Matériau) lors de son chavirage, Le Cléac'h voit une réelle opportunité s'offrir alors que son surnom de « chacal » pourrait prendre encore une fois un sens bien concret.

Une belle bagarre entre Sam Davies (Roxy) et Marc Guillemot (Safran) se dessine jusqu'à la ligne d'arrivée. Séparés par un maigre 20 milles, les deux sauveurs de Yann Eliès sont au centre de toute une bagarre pour la quatrième position. Ce matin, les deux skippers seront aux prises avec les caprices du Pot au noir et il faudra surveiller si l'un des deux en tirera avantage. Il est à noter que Guillemot et Davies ont tous deux reçus réparation par le Jury international à la suite de l'assistance portée à Eliès plus tôt au cours de l'épreuve. C'est donc respectivement 32 heures qui ont été octroyées à Davies et 82 à Guillemot. Il va sans dire que l'Anglaise y met tout le charbon, car elle se doit de terminer avec un bon 300 à 400 milles d'avance sur Guillemot pour assurer sa quatrième place.

Arnaud Boissières (Akena Véranda) en a marre du Vendée Globe depuis quelques jours. En ce moment huitième, le skipper vient de passer deux jours sans dormir à la suite de conditions de navigation extrêmement changeantes, ce qui le force à continuellement être à la manoeuvre. Il navigue depuis 48 heures au large du Brésil entre les plates-formes de forage et les pêcheurs brésiliens qui l'engueulent de peur qu'il se prenne dans leurs filets. Ajoutez à la situation des problèmes d'énergie alors qu'il lui reste seulement 40 litres de diésel à bord ce qui le force à éteindre tout ce qui consomme de l'énergie et pour couronner le tout il se rationne de nourriture alors qu'il a peur d'en manquer pour rallier l'arrivée. Après 80 jours en mer, il est évident que la fatigue physique et psychologique rend les choses compliquées.

Certains skippers sont sérieusement préoccupés par des problèmes techniques. Dee Caffari (Aviva) poursuit sa route malgré une grand-voile qui ressemble à un fromage suisse. L'Anglaise a utilisé un de ses focs afin de faire des réparations de fortune qui, pour l'instant, semblent tenir, mais avec beaucoup de milles encore à faire, la prudence est de mise. Raphaël Dinelli (Océan Vital) planifie un arrêt aux Îles Malouines à la suite de son futur virage du cap Horn afin de réparer son chariot de grand-voile qui lui cause des ennuis. Finalement, l'Anglais Brian Thompson (Team Pindar) est en grand chantier alors qu'il est victime d'une panne d'alternateur et d'éolienne qu'il se doit de réparer alors que sa seule réelle source d'énergie disponible en ce moment est celle accumulée dans ses batteries.

Les positions à 11:00hrs TU + retard sur le 1er (milles nautiques)

Suivez la position des skippers

1- Michel Desjoyeaux-FRA (Foncia),

2- Roland Jourdain-FRA (Veolia Environnement), 730

3- Armel Le Cléac'h-FRA (Brit Air), 1053 (11 heures seront à retrancher de son parcours)

4- Samantha Davies-GB (Roxy), 2086 (32 heures seront à retrancher de son parcours)

5- Marc Guillemot-FRA (Safran), 2112 (82 heures seront à retrancher de son parcours)

6- Brian Thompson-GB (Team Pindar), 2402

7- Dee Caffari-GB (Aviva), 2574

8- Arnaud Boissières-FR (Akena Verandas), 3151

9- Steve White-GB (Toe in Water), 5325

10- Rich Wilson-USA (Great American), 6648

11- Norbert Sedlacek-AUT (Nauticsport), 8313

12- Raphaël Dinelli-FRA (Océan Vital), 8382

13- Vincent Riou-FRA (PRB), Abandon, Démâtage, (Classé 3e par le Jury International)

14- Jean Le Cam-FRA (VM Matériaux), idem, chavirage au sud du Cap Horn

15- Jonny Malbon-GB (Artemis), idem, Problème de grand-voile

16- Jean-Pierre Dick-FRA (Paprec-Virbac), idem, safran bâbord arraché

17- Sébastien Josse -FRA (BT), idem, Safran cassé

18- Derek Hatfield-CAN (Spirit of Canada), Idem, Barres de flèche cassées

19- Yann Eliès-FRA (Generali), Idem, Fracture à la jambe

20-Jean-Baptiste Dejeantly-FRA (Maisonneuve), idem, multiples problèmes d'usure

21- Mike Golding-GB (Ecover), idem, Dématâge

22- Bernard Stamm-SUI (Cheminée Poujoulat), idem, Échouage

23- Dominique Wavre-SUI (Temenos), idem Ennuis de quille

24- Loïc Peyron-FRA (Gitana Eighty), idem, Démâtage

25- Una Basurko-ESP (Pakea Bizkaia), idem, Bris au puits de safran tribord

26- Jérémie Beyou-FRA (Delta Dore), idem, Barres de flèches cassées

27- Alex Thompson-GB (Hugo Boss), idem, Dommages structurels

28- Kito de Pavent-FRA (Groupe Bel), idem, Démâtage

29- Marc Thiercelin-FRA (DCNS), idem, Démâtage

30- Yannick Bestaven-FRA (Aquarelle.com), idem, Démâtage